Jusqu’à récemment, la technologie était réservée aux grands comptes. Mais, depuis la fin 2004, des fabricants tels 3Com, D-Link, Extreme Networks, HP, SMC, etc., livrent des commutateurs d’accès avec interfaces
10 Gigabit à des prix abordables pour les PME.Chez HP, par exemple, le ProCurve Switch 3400cl-24G avec 24 ports Gigabit, une interface 10 Gigabit sur cuivre (CX4) et le logiciel d’administration, est proposé
à 6 385 ? HT. À titre indicatif, le modèle inférieur, uniquement Gigabit et limité au niveau 2, le ProCurve Switch 2824, est, quant à lui, proposé à 4 107 ? HT.De plus, ces commutateurs d’accès effectuent désormais du routage, ce qui permet une double utilisation : ‘ Ces commutateurs peuvent servir d’équipement d’accès pour apporter une
connectique Gigabit sur le poste de travail et transporter les flux en 10 Gigabit vers le commutateur de c?”ur de réseau. Ils peuvent également être eux-mêmes matériels de c?”ur de réseau avec des liens 10 Gigabit vers les serveurs ou
vers d’autres commutateurs ‘, explique Khoa-Dang Tiet, responsable marketing et développement des ventes réseau chez HP.
Les grands comptes sont les premiers séduits
Reste que, pour l’heure, rares sont les PME à disposer de liens 10 Gigabit. Selon le cabinet d’études Gartner, 15 200 ports 10 Gigabit Ethernet auraient été vendus en Europe en 2004… contre plus
de 10 millions en Gigabit Ethernet. D’après IDC cette fois, au dernier trimestre 2004, 99 % des ports 10 Gigabit Ethernet livrés étaient issus de plates-formes modulaires (ou châssis).L’arrivée des commutateurs dits ‘ standalone ‘ pourrait intéresser les PME. Pourtant, Cisco, qui, selon IDC, détient 90 % de parts de marché sur le 10 Gigabit, ne souhaite
pas leur ouvrir ce créneau : ‘ Le 10 Gigabit est, pour nous, davantage destiné aux grands comptes et aux réseaux métropolitains ‘, affirme Bruno Mattei, responsable produits Catalyst EMEA chez
Cisco. De fait, le commutateur Catalyst 3750G-16TD-S, doté de seize ports Gigabit Ethernet et d’un port 10 Gigabit, est proposé à environ 12 000 ? HT, hors modules optiques…Notre laboratoire s’est procuré deux modèles, chez HP et D-Link, et les a soumis à une batterie de tests, les premiers en la matière au niveau européen. Les résultats sont assez concluants, puisque les modules 10 Gigabit
délivrent effectivement un tel débit, et que le nombre de paquets perdus ainsi que le temps de latence (durée de transit d’une trame dans le commutateur) sont acceptables.Lors du premier test, en mode unidirectionnel (des douze interfaces Gigabit vers l’interface 10 Gigabit), nous avons pu vérifier qu’il n’y avait aucune perte de paquets jusqu’à un taux de charge de
80 % (soit 9,6 Gbit/s, lire tableau ci-dessous). Logiquement, compte tenu du goulet d’étranglement créé lors de l’envoi d’une charge de 12 Gbit/s vers une interface 10 Gbit/s, à
100 % de charge, le taux de perte de paquets augmente, pour atteindre 16,6 % pour les deux constructeurs, quelle que soit la taille des paquets. Le temps de latence reste, lui, proche de 5 µs jusqu’à 80 % de charge, et
augmente considérablement ensuite : jusqu’à 102 µs à 100 % de charge pour HP avec des paquets de 512 octets, ce qui reste acceptable.Pour le second test, en mode bidirectionnel, il n’y a pas eu de perte de paquets de l’interface 10 Gigabit vers les douze ports Gigabit. Pour notre dernière évaluation, nous avons connecté un serveur au commutateur HP
via le lien CX4.Seize clients dotés de cartes Gigabit envoyaient un trafic global susceptible de saturer le lien 10 Gigabit. En utilisant sur le serveur une carte dédiée au calcul des opération TCP/IP, nous mesurons un débit de 6,15 Gbit/s,
ce qui prouve que ce commutateur constitue une réelle alternative à l’agrégation de liens vers un serveur, une opération qui se révèle souvent fastidieuse à réaliser.Pour le reste, les possibilités d’administration des deux boîtiers sont assez similaires et ne révolutionnent pas ce qui se faisait précédemment.
Un investissement durable
Ces commutateurs sont simples à installer et peuvent être pilotés par ligne de commandes ou par navigateur. En outre, ils prennent en charge la qualité de service et sont compatibles avec le protocole IEEE 802.1p afin d’assurer
la gestion des priorités des files d’attente.Si, pour l’heure, la technologie 10 Gigabit ne constitue pas une priorité pour toutes les entreprises, son arrivée progressive sur le marché, conjuguée à une baisse des prix, devrait rapidement contribuer à la présenter sous
un jour plus favorable. Cette orientation suit d’ailleurs celle du Gigabit à son époque, à savoir un premier déploiement sur fibre optique suivi d’une extension sur cuivre qui permet de baisser les coûts d’acquisition.
L’entreprise qui renouvelle aujourd’hui ses commutateurs aura ainsi intérêt à opter pour des boîtiers avec une possibilité d’extension 10 Gigabit, quitte à n’utiliser la technologie que l’année prochaine, date
à laquelle le 10 Gigabit sur paire torsadée devrait être commercialisé.
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