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LDCom se voit comme le chevalier blanc des opérateurs alternatifs

La filiale du groupe Louis Dreyfus vient de racheter Kaptech et Belgacom France. Elle veut constituer un pôle télécoms fort, concurrent de France Télécom, Cegetel, Siris et Tele2.

En reprenant Kaptech et Belgacom France, deux opérateurs de services aux entreprises, LDCom monte d’un cran dans la chaîne de valeur télécoms. La filiale du groupe Louis Dreyfus évolue vers l’aval, alors même qu’elle a toujours clamé ne pas vouloir empiéter sur le marché des opérateurs de services. Squadran (ex-Fortel), titulaire d’une licence nationale de boucle locale radio et racheté l’an dernier, avait vu ainsi son modèle économique passer du marché grand public à celui de la revente de trafic aux opérateurs. Le pas franchi, LDCom joue la transparence et assure que ses filiales conserveront leur identité et qu’elles ne bénéficieront pas de régime de faveur. Kaptech ?” avec sa capillarité commerciale (trente agences) et ses douze mille sociétés clientes ?”, et Belgacom ?” avec ses six mille entreprises et sa forte implantation dans le nord du pays ?” assureront, en revanche, de nouveaux “canaux de distribution” aux tuyaux de LDCom. Une intégration des offres est à l’étude, et des synergies seront recherchées au niveau des réseaux : Kaptech évitera les investissements dans le dégroupage DSL, assurés par LDCom, tandis que les infrastructures de boucle locale radio de Belgacom France (qui rendra ses licences régionales) viendront compléter celles de Squadran.

Éviter que les clients ne repartent chez France Télécom

Réaliser de bonnes acquisitions tout en consolidant un secteur mal en point est devenu l’un des credos de LDCom. “Nous avons toujours voulu être le prestataire de réseaux des nouveaux opérateurs, explique sa directrice de la communication, Chantal Villeneuve. Mais le marché a changé, et nous ne pouvons pas nous désintéresser de ce qui s’y passe. Si l’on veut qu’il y ait en France un secteur alternatif pérenne, il faut contribuer à son succès et à celui des opérateurs. Si leurs parts de marché sont fortes, LDCom le sera aussi.”Certains commentaires se font caustiques. Pour Olivier Huart, directeur général de Cegetel, LDCom a surtout racheté Kaptech pour éviter la disparition de l’un de ses gros clients. Chantal Villeneuve réfute. Elle reconnaît seulement que “Kaptech est un canal de distribution qui aurait pu disparaître. Et, de ce fait, les clients seraient repartis vers France Télécom”. Kaptech, malgré des levées de fonds mirifiques, recherchait de l’argent frais pour échapper au dépôt de bilan. Belgacom France, lâché par sa maison mère, l’opérateur historique belge Belgacom, était en quête d’un partenaire. Selon Les Echos, Kaptech a été acheté 10 millions d’euros, alors qu’il était valorisé 455 millions d’euros en 2000. Pour Jean-Charles Doineau, consultant et responsable du pôle équipement de l’Idate, “ce sont de belles entreprises, qu’ils ont évité d’acheter au plus fort des valorisations”. Elles permettent à LDCom d’occuper désormais clairement le devant de la scène. “Nous avons toujours rangé cet acteur parmi les principaux du fait de son réseau, que l’on peut même placer, en matière de déploiement, devant celui de Télécom Développement, dit-il. Aujourd’hui, LDCom se situe clairement dans le groupe des leaders, aux côtés de France Télécom, de Cegetel, de Deutsche Telekom-Siris et de Tele2.”

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Guillaume Deleurence