Nous communiquons aujourd’hui sur WAP, car c’est la mode. Mais, dans six mois, ce standard ne subsistera pas forcément, au contraire des applications mobiles”, avoue le président d’un opérateur WAP alternatif français, qui parle sous le couvert de l’anonymat de crainte de faire fuir les investisseurs. Une déclaration qui n’est pas la première du genre. Déjà en mars dernier, lors d’une conférence consacrée aux mobiles, le président d’un éditeur de technologies de portails pour mobiles, Aether Systems, avait lancé devant un parterre d’adhérents au forum WAP : “WAP est mort.” Allégation immédiatement confirmée par le représentant de Microsoft, qui a rappelé une position désormais connue : “Ce n’est qu’une solution de transition.”Des attitudes certes influencées par l’origine européenne de cette technologie. Mais les arguments des sceptiques recueillent aussi un écho sur le Vieux Continent.
Téléphones WAP, des terminaux trop passifs
En résumé, WAP en tant que protocole de transport serait taillé sur mesure pour les bas débits des réseaux actuels. Dès lors que GPRS, puis UMTS les supplanteront, il deviendra possible – et donc souhaitable – d’aller jusqu’aux mobiles avec les protocoles standards (IP et HTTP) au lieu de procéder à une conversion. La couche présentation est également en cause. WML est certes proche de HTML, mais il reste différent. Ce qui nécessite une adaptation des compétences et des contenus. Des débits supérieurs permettraient d’alimenter les vastes écrans de terminaux plus sophistiqués. Les constructeurs de téléphones ont eux-mêmes présenté des prototypes montrant la voie. Alors, pourquoi ne pas revenir à HTML ? Autre lacune, les navigateurs compatibles WML ne gèrent pas les applets Java. Alors que TI, principal fournisseur de composants GSM, estime que le téléphone portable du futur sera fondé sur la technologie Java. Il a d’ailleurs confié à l’Inria la réalisation d’une étude de faisabilité qui se révèle concluante. Plus généralement, Oracle, IBM et autres Sybase – tous présents au WAP Forum – essaient d’imposer l’idée que WAP doit rendre possibles l’exploitation de données et l’exécution de traitements locaux. Bien sûr, WAP pourrait évoluer dans ce sens. Mais tous ces acteurs laissent entendre, comme Microsoft, qu’un retour aux standards du Web règlerait élégamment la question.
Initiateurs de WAP, les constructeurs de téléphones sont, pour leur part, soucieux de ne pas céder le contrôle du marché aux spécialistes de l’informatique. Mais n’ont-ils pas déjà hâté quelque peu la mort de WAP en s’associant à Palm Computing et en créant Symbian, dont les technologies sont plus ambitieuses que WAP ? Ces constructeurs confirment d’ailleurs – non sans nuances – ne pas être opposés à une mutation. “Nous travaillons autant sur les téléphones WAP que sur les assistants numériques, car il n’y aura pas un terminal universel, mais plutôt une cohabitation entre des appareils différents, choisis selon les applications”, conclut Gérald Delplace, directeur général pour l’Europe du Sud chez Nokia Internet Communication.
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