Nommé en mai dernier à la tête du GIE de Francetélévisions Interactive, Laurent Souloumiac s’est laissé la période estivale pour définir une stratégie. L’ancien directeur du portail Voila.fr doit composer entre nouvelles technologies prometteuses de rentrées futures, comme internet, et les activités plus anciennes, comme l’Audiotel et le télétexte, immédiatement génératrices de revenus.Pour Francetélévisions Interactive, déficitaire et lourdement concurrencée par TF1 et M6 sur le web, la solution réside dans la télévision numérique terrestre ?” la fameuse TNT ?” qui pourrait plonger à moyen terme l’ensemble du parc audiovisuel dans le numérique.Pour 2001, Francetélévisions Interactive a essuyé une perte de 4,3 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 2,9 millions. Quelle est la tendance pour 2002 ?Nous serons toujours déficitaires, mais nous ferons légèrement mieux qu’en 2001. Ce n’est pas en raison du développement des activités internet, car nous avons gagné moins que prévu en matière de revenus publicitaires sur le web. Il s’agit plutôt de la publicité télétexte et Audiotel. Elle a bien fonctionné. Par ailleurs, nous dépenserons moins en charges cette année.Audiotel, SMS, télévision interactive, internet… Quelles sont vos priorités pour les années à venir ?L’objectif est de tripler ou de quadrupler l’audience de nos sites web et de doubler l’audience Audiotel d’ici un à deux ans. Le succès de nos activités internet passe par une croissance d’audience. Je crois à la publicité sur ce média, mais il s’agit de moyen terme. En revanche, l’Audiotel permet de générer du chiffre d’affaires immédiatement. Quant à la télévision interactive [TVI, ndlr], je la vois comme une activité rentable sur le long terme, avec des services qui seront pour la plupart issus de ce qui existe déjà dans le télétexte. Il faut également souligner l’importance de la vidéo sur internet. L’explosion du haut débit, la notoriété de nos marques, tout cela fait que notre part d’audience devrait augmenter. L’idée est maintenant de placer de petits spots de publicité en tête des vidéos diffusées en ligne. Cela constituera un appoint de rentrées, dont j’estime qu’il représentera entre 10 et 15 % de l’ensemble de nos revenus publicitaires sur internet.Compte tenu des orientations du gouvernement actuel, qui pourrait réduire les subventions accordées à l’audiovisuel public, comment comptez-vous financer toutes ces activités ?En termes de coût de production, l’interactivité, ce n’est pas cher ! Une voie de retour par exemple, ça ne renchérit pas le coût. Seule la bande passante est vraiment onéreuse, notamment sur le câble et le satellite. Voilà pourquoi en matière de TVI, nous allons nous limiter à des opérations commerciales ponctuelles cette année et en 2003. Nous ne ferons rien de systématique. Ce qui manque, c’est un effet de parc. L’équipement dans notre pays est très insuffisant et seul le numérique hertzien permettra de développer à grande échelle la TVI.À ce propos, vous avez déclaré que Francetélévisions Interactive devait être un laboratoire pour la TNT. Comment concevez-vous le rôle de votre société au sein du numérique hertzien ?Nous ne nous occuperons pas du contenu. Notre rôle est d’apporter notre expertise et nos idées en matière d’interactivité à France Télévisions. Quels services sur quelles chaînes. Nous ne pouvons que souhaiter une rapide augmentation du parc numérique. La TNT est inéluctable.TF1, qui craint l’arrivée de la TNT, lui préfère un projet à base de connexion ADSL. Avez-vous un projet similaire ?L’ADSL coûte cher et sa couverture est moins importante. Cette technologie peut être utile pour faire de la télévision à la demande, par exemple pour un Corse installé à Paris et qui souhaite suivre les programmes de France 3 Corse. Alors oui à l’ADSL, mais pour des services très spécifiques, sur la télé et pas sur PC. De toute façon, il ne s’oppose pas à la TNT.Parlons de vos sites web. Leur audience est largement inférieure à celle des pages de TF1 et M6. Quels sont vos projets en la matière ? Quelles sont vos contraintes ?Il est vrai que nous sommes en retard. 6 % de la population des internautes français viennent sur nos sites contre 10 % sur celui de TF1. Mais nous allons revenir sur nos concurrents malgré deux contraintes importantes. D’abord, nous développons toujours nos activités internet en complément de l’antenne. Nous n’avons pas vocation, comme chez TF1, à entretenir un portail. Par exemple, si je suis d’accord pour la mise en place de forums, nous ne ferons jamais d’e-mail gratuit. La seconde contrainte provient de notre statut d’opérateur public et des obligations déontologiques qui en découlent. Ceci dit, nous avons enregistré récemment de beaux succès. Avec 3,6 millions de visites au mois de juillet, à l’occasion du Tour de France, nous avons talonné l’audience du site de M6.Un site Francetv.fr est en cours de construction. De quoi s’agit-il ?Francetv.fr est un serveur institutionnel, qui diffusera des informations sur les comptes du groupe, la charte de l’antenne, proposera des liens vers les médiateurs, etc. Ce site sera prêt en janvier prochain. Quant aux autres, ils seront tous refondus sous 6 mois. France5.fr, qui n’est pas encore dans le giron de Francetélévision Interactive, sera prochainement intégré dans nos activités.
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