01net. : Dans quel état se trouve l’industrie du jeu vidéo en France ? Laurent Michaud : La faillite d’une quinzaine de studios de création ces derniers mois montre qu’il y a bien un problème. Le marché a 30 ans, mais l’arrivée des consoles de nouvelle génération a changé la donne. Le marché est devenu mondial, et le lancement d’un jeu est désormais un très gros risque financier de plusieurs millions d’euros. Le jour du lancement 1, 2 ou 3 millions d’exemplaires sont mis en vente.Quelles solutions ont été prônées lors de la journée de débats, organisée mercredi dernier par l’Idate, sur le thème de ” L’économie des jeux vidéo ” ? Les professionnels n’attendent pas uniquement des aides directes de l’Etat. On peut imaginer une baisse de la TVA, un reversement de la taxe sur les CD vierges, puisque la copie nuie aussi à l’industrie du jeu, un recours plus systématique aux sociétés de capital-risque, ou bien la création de pôles de développement alliant écoles, recherche, et entreprises du jeu vidéo avec l’implication de collectivités locales. Je pense notamment à la région lyonnaise, bien sûr, mais aussi lilloise. Ce qu’à fait le Québec en la matière est exemplaire, ou bien encore la Corée du Sud qui a investi 530 millions d’euros depuis 1998 dans la création multimédia et 140 millions d’euros supplémentaires dans la recherche et le développement.Que pensez-vous de la mesure annoncée par le Premier Ministre de passer de 7 à 8 millions d’euros le fonds d’aide aux entreprises multimédias ? Le Syndicat des éditeurs de logiciels et l’APOM sont satisfaits que Jean-Pierre Raffarin ait agit en ce sens. Mais si l’on compare à ce qui se fait en Corée, cela reste symbolique. Ce million supplémentaire aura le mérite d’aider au financement d’une vingtaine de préproductions. Mais sur le moyen terme, les industriels du jeu attendent surtout l’ouverture vers leur secteur du Riam, un fonds d’aide à la création multimédia financé par le CNC qui ne concernait pas jusqu’alors le jeu vidéo.Comment voyez-vous évoluer l’industrie française du jeu vidéo, les faillites vont-elles continuer ? Déjà, il faut préciser que les difficultés ne touchent pas seulement la France, mais aussi les Etats-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Pour survivre, les créateurs français doivent d’abord faire de bons jeux, s’attacher à bien gérer leur entreprise, et plus réfléchir à ce qu’attendent les utilisateurs avant de se lancer dans un projet, bref, être plus pragmatiques. Il n’y a que comme ça qu’ils pourront faire face à la concurrence de l’Europe de l’Est ou asiatique, où la création d’un jeu est deux fois moins chère qu’en France. Le meilleur exemple en la matière est Ubi Soft. Mais je n’ai pas d’inquiétudes, plusieurs projets en cours dans certains studios sont très prometteurs.Que pensez-vous de la situation d’Infogrames ? Ils connaissent une passe difficile, mais ses dirigeants se démènent pour trouver une solution. La chance d’Infogrames est que peu d’éditeurs dans le monde détiennent autant de licences qu’eux. Je ne vois que THQ et Activision à leur niveau. Infogrames détient notamment une des trois meilleures licences de la décennie avec Matrix, dont le potentiel équivaut à celui d’Harry Potter ou du Seigneur des Anneaux. Ils ont de fortes chances de réaliser un énorme carton. On peut s’attendre à la vente de 6 millions dexemplaires du jeu, voire plus. Mais ce jeu nécessitera de forts investissements marketing.
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