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Latifa Taleb joue l’interprète entre l’homme et la machine

Née avec les technologies de reconnaissance vocale, l’activité de l’ergolinguiste explose avec internet.

À 34 ans, Latifa Taleb est d’une espèce rare. À l’instar d’une petite dizaine de personnes en France, elle exerce le métier d’ergolinguiste du dialogue chez Telisma, une société spécialisée dans le développement de logiciels de reconnaissance vocale. Une profession à la croisée de plusieurs disciplines : l’ergonomie, l’informatique et la linguistique. Titulaire d’un DEA dans cette dernière spécialité et d’un doctorat de l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria), la jeune littéraire se forge, en 1997, une première expérience d’ergonome chez Holistique Communication, une entreprise qui conçoit des applications interactives avec reconnaissance de la parole.Aujourd’hui, Latifa travaille sur les échanges oraux entre l’homme et la machine grâce à une technologie de reconnaissance vocale développée par le centre de recherche de France Telecom (ex-Cnet). En clair, elle est chargée de mettre en forme les messages oraux transmis par téléphone pour le compte de ses clients soucieux de diffuser de l’information ou de vendre un produit (un annuaire interne d’entreprise, un système de réservation de billets de cinéma). Pas si simple ! Il faut rédiger des messages clairs, courts et explicites. “Nous travaillons avec nos clients sur le ton à donner au message d’accueil, explique-t-elle. Il est fondamental parce qu’il reflète l’image de l’entreprise. Il n’est pas rare d’avoir à faire plusieurs essais. ” Une tâche qui nécessite de décortiquer la langue en retranscrivant les mots phonétiquement, et de prévoir toutes les variantes de prononciation. Comme les accents. Et, surtout, de créer une arborescence complexe pour prévoir tous les cas de figure : l’interlocuteur qui ne répond pas à la question, ou le fait mal, du fait d’un bruit para- site interprété dans le système, etc.Avant de concevoir l’interface vocale, des tests sont pratiqués avec les appelants . “Nous observons la façon dont ils parlent, l’ordre de leurs réponses. Pas question de se contenter de mettre au point une machine performante, il faut concevoir un système adapté aux besoins des utilisateurs.” C’est là toute la difficulté. Juste de quoi motiver cette jeune femme. “Aujourd’hui, les technologies de reconnaissance vocale sont robustes. Elles ont atteint un degré de maturité qui permet d’envisager une infinité de services. ” À commencer par le web. De plus en plus de portails veulent diffuser des messages par d’autres canaux que l’ordinateur.Internet est donc un moteur pour la reconnaissance vocale. Un métier en perpétuelle évolution, pour lequel Latifa Taleb aimerait créer une filière universitaire spécialisée. Afin de transmettre ses connaissances…

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Sandrine Chicaud