La polémique grossit autour du musée du Jeu vidéo, à quelques semaines de son ouverture, prévue le 14 avril 2010. Le torchon brûle entre Alerte Orange, l’agence de communication parisienne chargée de la promotion du musée et MO5.COM, l’association de passionnés à l’origine du projet. Alors que les deux entités travaillaient ensemble depuis l’été 2008 et avaient déjà organisé une exposition ensemble l’été dernier, il semble qu’Alerte Orange ait décidé de se passer des services de l’association pour la mise en place du musée. Que cela soit dans le communiqué de presse officiel ou dans les nombreux articles de presse relatifs à ce sujet, il n’est fait nulle part mention de l’association. Coquille ou oubli volontaire ?
Une expo, pas un musée
Depuis sa fondation en 1996, MO5.COM s’active pour développer un véritable musée du Jeu vidéo, où les 30 000 pièces de leur collection pourront être exposées au public. Mais suite à un problème de sécurité, l’association est obligée de déménager son immense stock à l’été 2008. MO5.COM lance alors un appel à l’aide et reçoit un coup de main de nombreux partenaires, dont Alerte Orange. Le courant passe et Alerte Orange met même à disposition de MO5.COM un bureau, pour que l’association poursuive ses activités pendant le déménagement.
La mise à l’écart soudaine de MO5.COM sur le projet de la Grande Arche est donc surprenante. D’autant plus que l’association avait rédigé, à la demande d’Alerte Orange, une lettre manifestant son intention de participer à l’exposition début décembre 2009 en fournissant du matériel et divers services, selon ce que nous a affirmé au téléphone cet après-midi Philippe Dubois, président et fondateur de MO5.COM :« Nous étions tout à fait d’accord pour participer à une exposition, mais 200m2 ne constituent en aucun cas un musée ».
Bouillie de pixels
Les choses deviennent franchement étranges lorsque, quelques semaines plus tard, MO5.COM présente un dossier de subvention au ministère de la Culture. Destiné à la création d’un site Web consacré à un musée virtuel du jeu vidéo, le dossier est remarqué par le ministère… car MO5.COM est déjà cité dans un autre projet, celui d’un musée du Jeu vidéo qui doit ouvrir en avril sur le toit de la Grande Arche de la Défense. Stupeur et incompréhension de MO5.COM, qui s’aperçoit que son nom ne figure pourtant nulle part dans le plan de communication d’Alerte Orange.
Et sentiment de trahison lorsqu’un membre de l’association est contacté sur eBay par un vendeur nommé Alerte Orange, souhaitant lui acheter des jeux vidéo anciens. Et lorsque l’on regarde l’historique de ce compte, on s’aperçoit qu’une grosse quantité d’achats a été effectuée à partir du 7 décembre dernier. De là à penser qu’Alerte Orange ait eu envie de se constituer sa propre collection, pour pouvoir se passer des services de MO5.COM après avoir eu le feu vert de l’exposition, nous vous en laissons seuls juges. Dans la foulée, MO5.COM réagit et prend ses distances avec l’événement de la Grande Arche.
Calmer les esprits et rétablir la crédibilité
L’affaire agite fortement le milieu du jeu vidéo français, remontant jusqu’au syndicat national du Jeu vidéo. Qui a convoqué lundi soir Alerte Orange, MO5.COM et Grande Arche pour s’expliquer. « Les récentes communications dissonantes de la société Alerte Orange et de l’association M05 sur ce sujet suscitent de très nombreuses interrogations, tant au niveau des interlocuteurs institutionnels que des professionnels du secteur et mettent en péril la formidable opportunité de communiquer sur cette mémoire collective que représente ce musée indispensable pour ancrer notre secteur aux côtés des autres industries culturelles. Les intérêts particuliers doivent céder la place à l’intérêt général afin de garantir le succès de la création du musée du Jeu vidéo », stipule la convocation. On espère que tout cela ne se terminera pas par un game over pour la création du musée le plus attendu des gamers… Nous en serions les premiers déçus !
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