Qui pourrait croire que ce modeste immeuble d’Issy-les-Moulineaux abrite une des valeurs télécoms phare du Nouveau Marché ? Avec une capitalisation de 653 millions d’euros, un cours stable depuis le début de l’année, et un chiffre d’affaires de 136 millions d’euros pour le deuxième trimestre ?”en progression de 84 % par rapport à la même période en 2001?”, Wavecom est l’exception qui confirme la règle. Pourtant, personne n’aurait parié sur ce fabricant de modules pour communications sans fil lors de son introduction sur Paris-Bourse en 1999. Il faut dire que la société ne réalisait alors que 34,6 millions d’euros de chiffre d’affaires contre 317,5 millions en 2001. Que de chemin parcouru en deux ans ! Sa croissance, Wavecom la doit au marché asiatique sur lequel il réalise aujourd’hui 80 % de son chiffre d’affaires. L’entreprise française est devenue un partenaire de taille pour les équipementiers locaux : elle s’est ainsi accaparée 14,4 % du marché chinois de la téléphonie mobile estimé à plus de 200 millions d’abonnés. Visionnaire ou casse-cou, Michel Alard, PDG et cofondateur de Wavecom, n’avait pas hésité à poser ses premiers jalons sur l’empire du Milieu dès 1998, en pleine crise économique asiatique. “Très tôt, l’Asie est apparue à l’Occident comme l’avenir des consommables électroniques. Nous avons pensé qu’il en serait de même pour les composants de téléphones cellulaires”, se souvient Deborah Choate, directrice financière du groupe. Plus de soixante-dix salariés travaillent aujourd’hui sur le sol asiatique. Wavecom veut faire de la Chine sa terre promise. Il vient de signer un nouveau contrat avec le sous-traitant local Elcoteq, dont l’usine basée à Pékin produira d’ici peu des modules sans fil “Wismo”. Et après un siège à Hong-Kong, et une branche à Tapei, le fabricant ambitionne d’ouvrir, en Chine continentale cette fois, un autre bureau de prospection clients. Car c’est dans ce domaine que le bât blesse. “Le portefeuille clients de Wavecom est peu diversifié. Les ventes à l’équipementier chinois TCL ont représenté 50 % de son chiffre d’affaires en 2001. Si bien qu’en mars dernier, le cours de l’action a été fortement chahuté quand les rumeurs portant sur la défection de ses clients se sont faites plus pressantes. S’il n’en a rien été ?”le carnet de commandes du fabricant a atteint 244 millions d’euros au deuxième trimestre 2002?”, Wavecom reste un géant au pied d’argile”, commente un analyste. Chez le fabricant, on ne cache pas qu’augmenter le nombre de prospects est devenu une priorité. L’équipe commerciale a pris le taureau par les cornes. Elle a conclu au début de l’été plusieurs accords : les fabricants de téléphones portables coréens Wonu Telecom et Everkom Industrial ont signé un contrat portant sur une commande initiale de 200 000 unités chacun, pour des montants non communiqués.Quelques jours plus tôt, Wavecom annonçait un contrat majeur avec un autre acteur coréen Pantech, accompagné de la création d’une filiale dans ce pays. Un choix judicieux puisque le ministère coréen de l’Information et de la Communication estime que les exportations de téléphones mobiles et de produits dérivés augmenteront cette année de 50 %, pour atteindre les 50 milliards de dollars. “Les acteurs asiatiques regagnent peu à peu leur marché local, tandis que les équipementiers occidentaux seront peu à peu évincés. Nous profiterons de cette mutation et grossirons en même temps que nos partenaires asiatiques”, prédit Deborah Choate.Reste que le fabricant devra se frotter à une concurrence de plus en plus féroce. A l’exemple de Sagem qui, depuis fin 2001, développe une activité de vente de modules de téléphonie mobile. Les acteurs asiatiques eux-mêmes marchent sur les traces de Wavecom, tel le fabricant coréen Sewon. Enfin, avec la crise des télécoms, les opérateurs à la recherche du plus bas coût privilégieront l’outsourcing. Il y a donc fort à parier qu’une pléthore de nouveaux acteurs s’engouffrera dans la brèche. Wavecom ferait bien dy prendre garde.
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