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L’art et la manière de jouer du pipeau

Parler de processeur 128 bits ou d’un lecteur de CD 40x, ça fait sérieux. Même si ça ne veut rien dire.

Dans la pratique du marketing, l’habitude de jouer du pipeau, autrement dit de gonfler les performances des produits vendus, est un usage courant. Mais cette pratique atteint des sommets avec la micro-informatique. Ainsi, les constructeurs de processeurs évoquent allègrement leurs puces 64 ou 128 bits, sans que l’on sache vraiment à quoi correspondent ces valeurs.S’agit-il du bus d’adresses ? Du bus de données ? Du bus de contrôle… ? (A ce titre, je vous invite à relire la chronique de mon confrère Anicet Mbida, de 01 Informatique, qui se pose bien des questions sur l’utilité d’afficher ce type de caractéristiques).Mais ces composants ne sont pas les seuls concernés par cette course aux chiffres records : l’utilisateur qui achète un graveur de CD estampillé 4x/12x/40x est en droit d’attendre une vitesse de gravure de 4x, soit 600 Ko/s. Or, l’expérience prouve que ces chiffres sont très rarement atteints dans la réalité. Pour celui qui doit graver plusieurs dizaines de CD par jour, la perte de temps est considérable.De la même façon, les imprimantes dont la fiche technique annonce une vitesse de 8 pages par minute ne fonctionnent effectivement à cette vitesse que si vous vous contentez d’imprimer un point noir sur chaque page. Vous imprimez des photos ? Armez-vous de patience, car il vous faudra diviser cette vitesse par un facteur d’au moins 20, un petit détail que la documentation oublie de préciser.Quant à votre modem censé fonctionner à 56 000 bits par seconde, il est exceptionnel qu’il atteigne vraiment cette valeur (il est vrai que, dans ce cas, il faut accuser l’étroitesse des ” tuyaux “).Je terminerai par les disques durs. Lorsque le constructeur vous annonce un disque de 20 Go (par exemple, le Presario 700, de Compaq), vous n’y trouvez en fait que 18,63 Go (1 Go vaut en effet précisément 1 073 741 824 octets). Cela représente plus de 7 % de différence.Certes, toutes ces petites tromperies, prises individuellement, sont anodines et ne méritent pas franchement la qualification de publicité mensongère (sauf peut-être celle sur la capacité des disques durs…). Il n’en reste pas moins que ces mini-arnaques, une fois accumulées, conduisent l’acheteur moyen à payer un produit dont il ne reçoit pas le bénéfice promis.Pas étonnant, alors, qu’il se montre de plus en plus méfiant quant aux promesses des constructeurs.* Chef de service à L’Ordinateur IndividuelProchaine chronique le 26 juin

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Etienne Oehmichen*