Il y a quelques mois encore, France Télécom l’annonçait fièrement dans ses publicités :” Nous allons vous faire aimer l’an 2000. “ Et depuis cinq mois que l’an 2000 a commencé, il faut reconnaître que pas grand-chose n’a changé. Soyons indulgents, on ne peut pas vraiment accuser France Télécom de publicité mensongère. Ils sont comme les publicitaires qui ont conçu ce slogan, eux aussi l’an 2000 les faisait rêver.Petits, on savait tous quel âge on aurait en l’an 2000, on croyait qu’on se déplacerait dans des véhicules magnétiques, qu’on mangerait des pilules et qu’on s’habillerait toute la journée en pyjama. Et puis il y avait le TGV, le Minitel, la navette spatiale, Jean-Michel Jarre : au début des années 80, on aimait bien l’an 2000. Alors, c’est vrai, c’était plutôt sympathique de la part de France Télécom de vouloir réveiller en nous ce mythe enfantin. Mais il était trop tard.Entre-temps, on était devenu vieux, cynique et réaliste. On s’y attendait un peu à ce que l’an 2000 ne soit pas comme on l’avait imaginé. On se doutait bien qu’en quelques mois France Télécom n’allait pas construire des villes sous-marines et coloniser Mars. Mais on espérait quand même un peu mieux que la ligne Tchatche et Primaliste Pays qui ont remplacé le discours futuriste dans les spots télé de l’opérateur national.Non, décidément, l’an 2000 n’est pas ce qu’il était et la vie.com, c’est vachement moins drôle que la vie qu’on nous promettait depuis Jules Verne. Finalement, l’an 2000, c’est un peu comme 1999 sauf que Boo.com a fait faillite et qu’il fait plus mauvais. Bon, il reste quand même encore sept mois à France Télécom pour nous faire aimer l’an 2000 et qu’on ne puisse pas se dire au 31 décembre qu’on avait attendu tout ce temps pour rien.Le rachat d’Orange, le plus branché, le plus novateur, le plus feng-shui des opérateurs de téléphonie mobile, le permettra-t-il ? Orange doit prochainement lancer un visiophone portable, et, si ça marchait, ce serait vraiment l’an 2000 ! Mais de toute façon, que France Télécom ne s’inquiète pas trop : pas plus qu’on n’aurait fait remarquer à feu George Orwell qu’en 1984 rien ne se passait comme il l’avait écrit, qu’on n’a reproché aux scénaristes de la série Cosmos 1999 d’avoir imaginé qu’il y aurait une base lunaire en 1999, et qu’en 2001 on ne demandera de comptes à Arthur C. Clarke, on ne lui en voudra pas de s’être planté. Simplement, dans les 330 milliards déboursés pour Orange, il ferait bien de récupérer le slogan n’évoquant que le ” futur “. Soit un concept suffisamment flou pour être certain de navoir jamais tort.Prochaine chronique le jeudi 22 juin 2000
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.
