2 000 dollars pour un chevalier Jedi. 600 dollars pour un château rempli d’objets magiques. Et il ne s’agit que d’un début. A l’origine conçus pour s’amuser, les jeux de rôle massivement multijoueurs (MMORPG en anglais)
?” ces univers où l’on peut faire déambuler son personnage pendant des années en compagnie d’autres joueurs ?” ne sont plus seulement une bonne affaire pour les éditeurs ; ils le sont devenus également pour certains
participants qui les transforment en sources de revenus. Personnages, objets, bâtisses, tous virtuels, se vendent aujourd’hui contre de l’argent bien réel, aux Etats-Unis comme en France.Max, 20 ans, est étudiant à la faculté de pharmacie de Nancy. Et adepte depuis 5 ans d’Everquest, un univers médiéval fantastisque en ligne, si prenant que ses accros l’appellent Evercrack. Max a décidé de faire une pause et, pour
cela, de revendre son personnage sur eBay France. Montant demandé pour un moine de niveau 65 : 150 euros.’ C’est la deuxième fois que je revends sur eBay, car j’avais déjà arrêté Everquest il y a un an. La première vente m’avait rapporté 200 dollars, explique-t-il. Pour ce moine, j’ai eu
beaucoup de réponses, une cinquantaine. Ce type de personnage, un Iksar (un homme lézard), a une pénalité d’expérience, il faut compter 60 à 100 jours de jeux pour le développer. ‘
Une Bourse aux objets virtuels
eBay n’est toutefois que la partie émergée de l’iceberg. Une jeune start-up, Gaming Online Market (GOM), vient d’ouvrir sa Bourse aux monnaies virtuelles. Le principe est celui d’une place de marché. Un joueur, d’Ultima Online par
exemple, ouvre un compte chez GOM et y dépose une partie des pièces d’or (la monnaie de ce jeu) qu’il a amassées. Pour cela, il prend rendez-vous avec un administrateur de la place de marché pour le rencontrer virtuellement dans le jeu et lui
remettre son argent virtuel. Il pourra aussi déposer de vrais dollars dans son compte GOM, en vue d’achats ultérieurs.Le joueur vendeur devra alors fixer un prix, par exemple 39 dollars pour trois millions de pièces d’or. Et, comme en Bourse, attendre qu’un acheteur réponde à son offre. Ensuite, il pourra soit encaisser directement les dollars,
soit les dépenser pour acheter à nouveau de la monnaie virtuelle. Les outils de base de la spéculation.’ J’avais été impressionné par les histoires de gens comme Julian Dibbell, qui s’est enrichi en revendant des objets obtenus sur Ultima Online ‘, explique Jamie Hale, un canadien à
l’origine de GamingOnlineMarket. ‘ Comme je ne trouvais pas adapté le service d’eBay, j’ai ouvert GOM mi-novembre avec un ami. Aujourd’hui, nous avons 340 membres, qui ont échangé pour plus de 6 000
dollars. ‘Le service se rémunère par une commission sur chaque transaction. Avec des ambitions modestes à court terme. ‘ J’espère avoir entre 2 000 et 3 000 clients à la fin de l’année. Mais, pour l’instant,
GOM reste un hobby, je m’en occupe le matin et le soir en parallèle de mon travail. ‘
Une économie à la merci des tricheurs
D’autres ont déjà franchi l’étape de la professionnalisation. Les Hongkongais d’Internet Gaming Entertainment (IGE) s’engagent ainsi à acheter et revendre, 24 h sur 24, les monnaies de plusieurs jeux en ligne. Mieux, la société
propose aussi un système d’augmentation de niveau.Plutôt que de passer du temps à faire progresser son personnage, un joueur peut le confier aux spécialistes d’IGE qui, moyennant finances, assureront sa progression. Avec des sommes non négligeables à la clé : 320 dollars pour
passer du niveau 1 au niveau 50 dans Everquest, 888 dollars pour passer du niveau 50 au niveau 65.La man?”uvre n’est pas vraiment fairplay, mais, au moins, elle n’enfreint pas les règles du jeu. Ce que certains joueurs n’hésitent pas à faire en sollicitant les services de sites peu scrupuleux. A côté de la vente de monnaies
virtuelles, ces spécialistes commercialisent aussi des méthodes de triche permettant de multiplier ses possessions en exploitant les bogues des programmes.Une aubaine pour ceux qui désirent profiter dans le monde réel de leurs simoleons, pièces d’or, de platine et autres therebucks. Mais une hérésie pour les puristes à la recherche de vraies
sensations dans les mondes virtuels.
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