Drôle de Coupe du monde où les champions en titre ne marquent pas un seul but. Les oracles prédisaient qu’une défaite des Bleus aurait de terribles conséquences sur la consommation. Résultat : rien. Même s’il est tôt pour disposer d’informations statistiques, les consommateurs ne paraissent guère avoir modifié leurs habitudes. La passion collective est retombée aussi vite qu’elle était née. Étrange 2e tour où la vague bleue laisse dans son sillage 40 % d’abstentionnistes (plus de 50 % des moins de 35 ans). Face au double phénomène de désintérêt civique du pays et d’une Chambre introuvable, le Premier ministre invoque “l’humilité” comme guide de son action.Tout aussi singulière, cette reprise économique sans cesse annoncée, sans cesse déprogrammée, où les chefs d’entreprise ont pour seule préoccupation de réduire la voilure. Même la Bourse ne semble plus croire à un sursaut : lorsque le CAC 40 s’envole de 4 %, les spécialistes parlent de reprise technique. Langueur ? “La France s’ennuie”, auraient dit certains. En 1838, le député Alphonse de Lamartine mettait en garde ses pairs sur les risques de “convulsions” pouvant secouer le pays. En 1968, quelques mois avant que les “enragés” n’envahissent Nanterre, Pierre Viansson-Ponté reprenait sa formule dans un éditorial du Monde désormais célèbre. Aujourd’hui, la France a la tête ailleurs. S’il ne faut pas forcément craindre un troisième tour social, le Premier ministre peut s’inquiéter de cette démobilisation ambiante qui, à bien des égards, sapparente à une révolution silencieuse.
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