Pour une grande majorité de joueurs, Q3, comme l’appelent les habitués, est l’archétype du quake-like bourrin dans lequel la réflexion est complètement absente. A force de discuter avec joueurs et organisateurs, on se rend finalement compte que la vérité est un peu plus complexe que cela. Certes, Quake 3 est loin d’être le jeu vidéo le plus évolué mais il est simple et les armes sont parfaitement équilibrées. En gros, c’est l’essence même du genre deathmatch. La LAN Arena 5 propose deux types de compétition Quake 3 : en Duel et en Team Play (en équipe). En Duel, l’objectif est de mesurer le niveau des deux joueurs. Rien ne doit pouvoir avantager ou léser l’un des participants : c’est la maîtrise du déplacement, la précision de la visée et la gestion des armes qui doit faire la différence. En Team Play, en revanche, les choses sont différentes. Il s’agit plutôt de juger des capacités de coordination de deux équipes de quatre joueurs. Comment va-t-on les obliger à se coordonner ? En introduisant un désavantage : les powerups. Ces bonus, que l’on trouve à terre comme n’importe quelle arme ou munition, donnent un avantage temporaire à celui qui le ramasse. On trouve, entre autres, le Quad Damage (augmentation des dommages causés) ou le Mega Health (les points de vie sont doublés). Ces bonus apparaissent à intervalles réguliers à des endroits précis du niveau. Et ce sont ces points précis qu’il va falloir défendre.”Avec les powerups, tu introduis de la maîtrise de la ressource”, nous explique Jean-Philippe, l’un des organisateurs. “Il y a une ressource, qui apparaît toutes les N minutes. Et là où c’est fort, c’est que lorsque tu t’adresses à des joueurs très expérimentés, ceux qui s’entraînent trois ou quatre heures par jour, ils connaissent tous parfaitement les temps d’apparition des powerups. Donc, il n’y a pas de surprise : on sait exactement quand il arrive, où il arrive… toute la force, c’est de verrouiller le secteur pour empêcher l’autre de le prendre. Si l’on parvient à le récupérer, c’est là qu’on peut alors essayer d’écraser l’autre… il y a des joueurs qui sont là juste pour achever, d’autres qui sont là pour gêner, d’autres qui sont là juste pour signaler. C’est toute une répartition des tâches. C’est là que le powerup prend toute sa valeur, parce que c’est l’élément qu’il ne faut pas perdre.”D’où l’utilité d’une personne gèrant l’équipe, la partie, et les ressources du niveau. C’est là qu’intervient le manager, ou coach. Alors que les quatre joueurs sont devant leur clavier, lui est debout devant tous les écrans, à observer le déroulement du match, à surveiller l’état de santé des membres de son équipe et, surtout, à donner des ordres. C’est le cerveau de l’équipe, le chef d’orchestre en quelque sorte.”Il regarde les écrans, il voit où on est, il sait ce qui se passe sur la carte”, explique Clone, du clan LAF. “Il permet de coordiner une équipe, de dire dans les grosses lignes qu’est ce que l’on doit faire. Est-ce qu’il faut rester groupés, sécuriser une zone ? Car dans un niveau, il y a toujours des zones prédominantes à garder : les armures, les powerups, tout ce qui permet de prendre l’avantage… Le coach essaie donc de coordonner les attaques là dessus en même temps que tout le monde. Nous avons aussi nos initiatives, mais si on commence à faire une grosse erreur, il peut nous reprendre. Il s’occupe également de calculer le temps de réapparition d’un powerup sur la map. Après, il peut choisir de le redistribuer à tel ou tel membre de l’équipe.” “Le manager a une vue globale du match”, confirme Jean-Philippe. “Il regarde les quatre écrans et imagine parfaitement ce qui se passe de l’autre côté. Il donne des ordres : tu fais ça, toi tu lâches ça, tu l’escortes, etc. Ca, c’est la nouvelle tendance. Il y a aussi la tendance classique qui fait que des gens préfèrent avoir le capitaine en tant que joueur. C’est à dire, c’est le capitaine qui a assez d’expérience de jeu – et dieu sait qu’il y en a qui ont de l’expérience – pour que d’après sa vue et son intuition, il puisse conseiller tous les autres joueurs. Le gars a toute l’architecture du match en tête. Ca marche très bien, les NINE, qui étaient l’un des meilleurs clans de Team Play au monde l’ont fait pendant très longtemps. Les meilleurs allemands, les SK, aussi. Ca dépasse complètement le cadre du deathmatch, c’est très fin.”Et assister à un match de Team Play dans de telles conditions, c’est assez impressionnant. Cette nuit (vers 1 heure du matin) a eu lieu un match amical entre la ligue française et la ligue anglaise de Q3 Team Play. Alors que les spectateurs regardaient, et que les joueurs fraggaient, les managers respectifs hurlaient des ordres, décomptaient la prochaine apparition du power-up, commentaient les actions des joueurs… comme un coach sur un banc de touche. On réalise alors que, dans les mains de joueurs très expérimentés, Quake 3 Arena est loin, bien loin, d’être le shoot’em up bourrin que beaucoup de gens imaginent. Et c’est également là que le jeu vidéo commence alors à se faire spectacle. Photos : de gauche à droite, l’équipe russe Team Play et son manager, l’équipe française Team Play sous le regard des spectateurs. Photo de une : l’équipe anglaise de Team Play et son manager.
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