Passer au contenu

« L’Amérique ne l’acceptera pas » : le vice-président US met en garde l’Europe et sa réglementation IA

Une mise en garde ferme : ce mardi 11 février à l’occasion de la cérémonie de clôture du sommet de l’IA, les États-Unis ont profité de la scène pour taper du poing sur la table : l’administration de Trump n’acceptera pas les règlementations de l’Union européenne sur l’IA et le numérique décrites comme « excessives », « onéreuses », et « qui étouffent l’innovation ».

Mettre les points sur les i : ce mardi 11 février avait lieu la cérémonie de clôture du sommet sur l’IA de Paris. L’occasion pour le nouveau gouvernement américain de taper du poing sur la table, à propos de la règlementation européenne en matière d’intelligence artificielle. Le vice-président américain, J.D. Vance, a profité de la scène pour mettre en garde l’Europe contre ses règlementations sur l’IA et le numérique.

Pour le quarantenaire, le gouvernement Trump « veillera à ce que la technologie américaine en matière d’intelligence artificielle continue d’être la référence dans le monde entier. (…) Les États-Unis d’Amérique sont à la pointe de l’IA, et notre administration entend bien le rester ».

Or,  « une réglementation excessive du secteur de l’IA pourrait tuer une industrie transformatrice au moment même où elle prend son essor », a-t-il souligné. Alors que nous sommes à l’aube « d’une nouvelle révolution industrielle », cette dernière « ne se produira jamais si une réglementation excessive dissuade (…) de prendre les risques nécessaires pour faire avancer les choses », a-t-il ajouté, avant de tacler directement l’Union européenne.

À lire aussi : De la sidération à la négociation : comment le duo Trump-Musk a fait vaciller l’Europe en 13 jours

Le DSA ? De la « censure »

« L’administration Trump est préoccupée par les informations selon lesquelles certains gouvernements étrangers envisagent de serrer la vis aux entreprises technologiques américaines internationales. L’Amérique ne peut pas accepter cela et ne l’acceptera pas », a martelé J.D. Vance.

Depuis 2018, les règlementations européennes sur le numérique se sont multipliées. Bruxelles cherche en effet à ce que les géants américains comme Google, Apple et Microsoft respectent certaines règles du jeu d’accès au marché européen. Les législateurs européens ont adopté des règlements et des directives censées être plus adaptées à ces sociétés devenues plus puissantes que des États, notamment en les contraignant à respecter en amont certaines règles.

À lire aussi : Mais pourquoi l’Europe tient-elle autant à casser les pieds d’Apple, de Google et de Meta ?

Des règles décrites comme « onéreuses » pour les entreprises américaines, dont certaines auraient renoncé à leurs utilisateurs du Vieux continent par peur des « amendes excessives », explique le vice-président américain, en citant notamment le DSA (règlement européen sur les services numériques) et le RGPD (règlement européen sur les données personnelles).

« Bon nombre de nos entreprises technologiques les plus productives sont obligées de se conformer au DSA et aux réglementations massives qu’elle a créées en matière de retrait de contenu et de contrôle d’une soi-disant désinformation », regrette-t-il.

« Mais c’est une chose d’empêcher un prédateur de s’en prendre à un enfant sur l’internet, et c’en est une autre d’empêcher un homme ou une femme adulte d’accéder à une opinion que le gouvernement considère comme de la désinformation », déclare-t-il, reprenant une idée répétée à l’envi par Elon Musk ou désormais Mark Zuckerberg, selon laquelle le DSA serait un instrument de censure sur les réseaux sociaux. Ce texte contraint les réseaux sociaux à davantage lutter contre la haine en ligne et la manipulation de l’information.

À lire aussi : Meta confie la modération de Facebook et d’Instagram à ses utilisateurs  

Pour le vice-président américain, il faut « des régimes réglementaires internationaux qui favorisent la création de la technologie de l’IA au lieu de l’étouffer. Et il faut que nos amis européens, en particulier, envisagent cette nouvelle frontière avec optimisme plutôt qu’avec inquiétude », a-t-il poursuivi.

Une position européenne qui serait aux antipodes de celle de Donald Trump qui, avec son décret sur l’IA, élabore « un plan d’action sur l’IA qui évite un régime réglementaire trop prudent ».

À lire aussi : Trump supprime les garde-fous sur l’IA : pourquoi on doit s’en inquiéter

Pour l’UE, l’IA a besoin d’être « sécurisée »

Pendant le sommet, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a aussi pris la parole. Sans répondre frontalement aux mots de J.D. Vance, la cheffe de l’exécutif européen a déclaré que « trop souvent, j’entends dire que l’Europe est en retard dans la course, alors que les États-Unis ou la Chine ont déjà pris de l’avance. Je ne suis pas d’accord, car la course à l’IA est loin d’être terminée ».

Or, en la matière, « nous avons besoin de notre propre approche de l’intelligence artificielle. J’ai trop souvent entendu dire que nous devrions reproduire ce que font les autres et courir après leurs points forts », a-t-elle déploré. Pour la femme politique, « l’IA a besoin de la confiance des gens et doit être sécurisée ». Et c’est tout l’objectif du règlement sur l’IA, qui met en place « un ensemble unique de règles de sécurité dans toute l’Union européenne, soit 450 millions de personnes, au lieu de 27 réglementations nationales différentes ».

La présidente de la Commission reconnaît toutefois qu’il faudra « simplifier les choses et réduire la bureaucratie », des termes aussi utilisés par Emmanuel Macron la veille.

Au lieu de suivre les États-Unis ou la Chine, la présidente a expliqué qu’il fallait « plutôt investir dans ce que nous savons faire de mieux et développer nos propres forces ici en Europe », avant d’annoncer un plan d’investissement public et privé de 200 milliards d’euros.

Si J.D. Vance n’a pas assisté au discours d’Ursula von der Leyen, les États-Unis ont fait le choix de ne pas signer la déclaration finale du sommet. Le texte appelle à « une IA transparente et inclusive », à protéger « les droits de l’homme, l’égalité des sexes, la diversité linguistique, la protection des consommateurs et des droits de propriété intellectuelle », ainsi qu’à « promouvoir l’accessibilité de l’IA pour réduire les fractures numériques ». Le Royaume-Uni n’avait pas, non plus, signé la déclaration, à l’inverse de la Chine qui, elle, fait bien partie des 61 premiers signataires.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.