Si 2001 fut catastrophique pour l’industrie mondiale des semi-conducteurs, certains s’en tirent mieux que d’autres. Le groupe franco-italien ST Microelectronics (ST), par exemple. Sur l’année fiscale 2001, son chiffre d’affaires atteint 6,35 milliards de dollars (7,20 milliards d’euros) pour un résultat net de 600,8 millions.Se payer le luxe de sortir d’un marché totalement sinistré avec une chute “ relative ” de 18,6 % de son chiffre d’affaires quand l’ensemble de l’industrie dégringole de 33 % n’est pas donné à tout le monde. ST en profite pour récupérer quelques parts de marché. Et passe du sixième au troisième rang (classement Gartner Dataquest), derrière Intel et Toshiba.La performance semble d’autant plus intéressante si l’on considère la vitesse à laquelle s’est retourné le marché. “ En juillet 2000, le marché mondial franchit son point haut avec une croissance trimestrielle de 54 %. En octobre, cinq trimestres plus tard, le point bas est touché après un plongeon de -50 %. C’est la première fois que j’ai dû changer d’échelle sur mon graphique ! “, s’exclame Jean-Philippe Dauvin, vice-président de ST et membre du WSTS, organisme d’études statistiques sur l’industrie des semi-conducteurs. Quand les ” swings ” sont aussi monstrueux, la justesse de la prévision est fondamentale.À 3 milliards de dollars l’usine de semi-conducteurs, il est préférable de ne pas se tromper. Or, en ce début 2001, personne n’évalue l’ampleur de la crise à venir. Quand les uns parlent de décélération, les autres n’attendent qu’un ralentissement de la croissance. “ Notre industrie est surinformée “, admet Jean-Philippe Dauvin.
Les 4 cercles vertueux de la prévision
La problématique consiste à dégager une tendance en passant au crible quatre cercles vertueux. C’est le domaine des statisticiens. Le premier de ces cercles englobe la demande finale au travers d’informations macroéconomiques sur le secteur.Un espace pavé d’embûches : “ Les déclarations des politiques sont bien souvent en décalage avec celles des consultants économiques à Bruxelles “, constate Gilles Granier, président d’Intel France. Le numéro 1 mondial du secteur a réalisé l’an passé un chiffre d’affaires de 26,5 milliards de dollars et un bénéfice net de 1,3 milliard de dollars.Le deuxième cercle réunit les données liées à l’évaluation du prix des semi-conducteurs, particulièrement le rapport entre les investissements liés aux “ fabs ” (productifs) et les ventes. Le troisième cercle est celui de la technologie. “ Elle crée le marché. Il faut surveiller la R & D “, poursuit l’économiste de ST.Enfin, le quatrième cercle rassemble les données liées à l’industrie (situation des acteurs, capacité de production, position boursière). Ces paramètres disséqués, il faut surveiller comment ils réagissent dans le temps les uns par rapport aux autres. Il s’agit d’une deuxième étape, plus liée à la psychologie des acheteurs. “ Je ne me considère pas comme un prévisionniste, mais plutôt comme un routeur “, confie Jean-Philippe Dauvin.
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