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L’ADSL met le feu aux poudres de la dérégulation

L’accès à Internet à hauts débits est devenu un sujet de conflits ouverts. France Télécom est pris à partie par l’ensemble de ses concurrents fournisseurs d’accès qui défendent leur position.

ADSL, ou Attention les Déceptions S’accumulent Lourdement… Cette technologie, autorisant l’accès à Internet à 512 kbit/s en réception et à 128 kbit/s en émission grâce à un simple modem loué 45 F par mois, paraît déjà victime de son succès.

Les premiers “couacs” ne se sont pas fait attendre

Dans les rares endroits où le service est disponible, les techniciens de France Télécom sont submergés. Et les concurrents de Wanadoo font preuve ?” bruyamment ?” de leur mécontentement. Les serveurs de messageries des sites spécialisés rapportent les malheurs des premiers utilisateurs d’ADSL. Ils regorgent de critiques : échéances non tenues, rendez-vous reportés ou encore performances éloignées de celles qui étaient annoncées. Les imprécisions se multiplieraient, tout comme les retards d’installation. Si, à la fin du mois de décembre, ces derniers se justifiaient par la tempête, en janvier, les difficultés que rencontrent les huit premiers fournisseurs d’accès à Internet en région parisienne tiendraient désormais aux délais de certains fournisseurs de matériels.
Pour offrir un service ADSL, les ISP doivent se raccorder eux-mêmes à ce service, à des tarifs qui, expliquent-ils, ne seraient pas très intéressants. Au mois de novembre, dans une interview accordée à l’un de nos confrères du Journal du Net, Xavier Niel, p.-d.g. de Free, précisait : ” On rencontre aujourd’hui deux types de soucis. Le premier est qualitatif. France Télécom nous permet d’accéder au client avec un débit garanti de 3,6 kbit/s. C’est quinze fois plus lent qu’avec un modem de 56 kbit/s. Il s’agit réellement d’un problème majeur. La seconde difficulté est liée au prix. Un lien de 2 Mo pour relier les clients ADSL à notre site nous coûte 40 000 F par mois, soit quatre fois plus que le même lien transatlantique pour aller chercher de l’IP à New York ou Washington. “
France Télécom avait prévu de déployer des services ADSL dans tout Paris (pour l’instant six arrondissements et trois communes de banlieue sont couverts), à Lille, à Lyon et à Strasbourg. L’Autorité de régulation des télécommunications (ART) a exigé de l’opérateur qu’il sursoie à ce déploiement pour la province.
Lors de ses v?”ux à la presse, le président de l’ART, Jean-Michel Hubert, soulignait : ” L’an 2000 sera une année clé pour l’ADSL sur un marché émergent. L’objectif de notre action est de permettre le développement de cette technologie dans des conditions compatibles avec l’exercice de la concurrence. Saisis sur ce sujet par le Conseil de la concurrence sur ce sujet, nous y avons récemment répondu. Chacun comprendra que, deux procédures quasi juridictionnelles étant engagées, j’ai l’obligation de ne pas m’ex-primer davantage sur cette affaire. “

France Télécom, sommé de se soumettre au jeu de la concurrence

Par une décision du 24 décembre 1999, l’ART a, en effet, mis en demeure France Télécom de soumettre à la procédure d’homologation tarifaire et ce, avant le 10 janvier 2000, ses offres d’accès à Internet par ADSL proposées en dehors des zones géographiques sur lesquelles portait sa demande initiale. Il s’agit ni plus ni moins, pour France Télécom, de se conformer à son cahier des charges. 9 Telecom avait, quelques jours auparavant, demandé au Conseil de la concurrence de bloquer ce déploiement national pour abus de position dominante, dans la mesure où les opérateurs privés n’avaient pas accès à une offre comparable. France Télécom a réfuté l’accusation, estimant que son offre de revente Turbo IP ” permettait déjà aux opérateurs concurrents de se positionner sur le marché “.
En juillet dernier, Club-Internet avait déjà obtenu un délai de quinze semaines pour le démarrage de l’offre Wanadoo-France Télécom, afin de permettre à tous les concurrents de conduire les tests nécessaires. Free, qui offre un accès gratuit à Internet, constatant que ses clients parisiens souffraient de mauvaises conditions d’utilisation, s’est rebellé. En effet, si ces derniers n’ont pas de difficulté à se connecter, il leur était impossible de naviguer sur Internet.

L’ADSL n’a pas encore tenu toutes ses promesses

Interrogé sur le sujet, France Télécom a reconnu rencontrer des problèmes avec les trois plaques ADSL parisiennes, dénommées IDF 1, 2 et 3. Free réclame désormais des indemnités. La situation de WorldNet, qui a lancé son offre ADSL réseau destinée aux entreprises, serait plus satisfaisante. Mais, pour beaucoup d’utilisateurs potentiels, la question principale concerne les débits exacts de l’ADSL.
Si la combinaison accès illimité à tarifs constants et débits élevés est attrayante, la réalité se révèle tout autre. Les prix sont raisonnables, mais ils sont entièrement liés aux différents raccordements du réseau, et même à ceux des serveurs. Les temps de réponse des jeux on line seraient supérieurs à ceux du RNIS, le protocole utilisé étant particulièrement lourd.
Il n’est donc nul besoin de gros tuyaux si la source est de faible débit. Dans le cas de l’ADSL, le raccordement à un serveur situé sur la même zone pourrait donner des résultats exceptionnels, mais les serveurs répondent toujours aussi lentement, quelle que soit la voie d’accès. Le site Les Providers.com communique une comparaison des différents modes et offres d’accès, et note que la vitesse de descente des informations serait de 50 Ko par seconde, des performances finalement assez comparables à celles du câble.

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Thierry Outrebon et Frédéric Bergé