Konami a une affaire de cœur, l’iPhone prend son envol, Zelda fait parler d’elle et le Japon, toujours aux antipodes, n’a jamais été aussi proche.
Depuis sa sortie début septembre, Love Plus de Konami est devenu un véritable phénomène de société, et fait l’objet d’un vif débat au Japon. Ce n’est certes pas la première fois que Konami s’aventure dans le domaine du jeu de drague (non érotique) à destination du public masculin (voire notamment sa célèbre saga Tokimeki Memorial), mais Love Plus s’éloigne du schéma classique du genre – sorte de manga à choix multiple où le joueur doit conquérir l’élue de son cœur – pour se rapprocher davantage d’une « petite amie virtuelle »
Konami à l’assaut des coeurs sur DS
Le jeu se déroule en effet en temps réel, et c’est à grand renfort d’attentions que le joueur pourra nouer et entretenir une relation avec l’une des héroïnes du jeu. Et son public, loin de se limiter aux otakus asociaux qu’on imagine volontiers en cœur de cible, comprend nombre d’adultes mariés, jusqu’aux employés de Konami eux-mêmes, selon Hideo Kojima. Lancé par une campagne marketing des plus gonflées (notamment de charmantes jeunes filles en col marin arrêtant des salarymen dans la rue pour leur remettre une lettre d’amour écrite à la main), Love Plus n’a pas manqué de déclencher une foule de comportements pathologiques : on ne compte plus les histoires de joueurs qui délaissent leur femme ou leur petite amie pour s’enfermer avec le jeu dans la salle de bains, amputent leur vie sociale au profit de rendez-vous virtuels, dorment avec leur DS, etc.
S’inspirant du Tamagotchi et autres Animal Crossing, Konami a tout fait pour maximiser le potentiel addictif : les amoureuses virtuelles sont très expressives et parlent à voix haute, et le temps passé en leur compagnie est récompensé par une subtile progression du degré d’intimité, en paroles comme en actes. Nul ne sait quelle proportion des 160 000 joueurs (un score remarquable pour un jeu du genre) se prête totalement à l’expérience, allant jusqu’à tenir la main de sa dulcinée au stylet, et à embrasser ses lèvres de pixels sur l’écran tactile…
Dernier rebondissement : un joueur, connu sous le nom de Sal9000 – comme l’ordinateur de 2010 –, vient d’épouser sa copine virtuelle, Nene Anegasaki, lors d’une escapade à Guam, un paradis tropical au milieu du Pacifique. Il a ensuite organisé une cérémonie (diffusée en direct sur le Net) au Japon sous les augures du magazine Make : Japan à l’institut de technologie de Tokyo, en présence d’un vrai prêtre. Une chose est sûre : les relations virtuelles ont de l’avenir, et ce n’est pas ça qui aidera le Japon à sortir de l’impasse démographique où il se trouve (population vieillissante, crise de la famille, natalité très faible et en chute libre).