Côté face, Nokia présente un profil (presque) parfait. Avec un chiffre d’affaires de 31,2 milliards d’euros (204 milliards de francs environ) en 2001, en hausse de 3 % par rapport à 2000 , un bénéfice net de 2,2 milliards d’euros (-44% par rapport à 2000), et une part de marché mondiale l’an passé de 37 % dans le segment des téléphones portables, l’équipementier finlandais surclasse les Motorola, Ericsson ou Alcatel, dont les comptes plongent dans le rouge.
Un PER costaud
okia continue à surprendre les marchés financiers par sa phénoménale capacité de résistance à la crise qui frappe l’ensemble du secteur des télécoms. Mais il y a aussi le Nokia côté pile, à savoir une action chère, très chère même, dont la valeur en bourse capitalise 34 fois les bénéfices attendus pour 2002. “Pour justifier son cours actuel aux environs de 25 euros, estime Emmanuel Bousquet, analyste chez Crédit Lyonnais Securities (CLSE), Nokia devrait réussir à faire progresser son chiffre d’affaires de 20 % par an pendant plusieurs années, tout en préservant des marges bénéficiaires de l’ordre de 18-20 %. Ce rythme me paraît insoutenable.” Raison pour laquelle le cours de l’action pourrait bien, selon lui, (re)plonger vers 17 euros, pas très loin de son cours plancher des douze derniers mois (13,55 euros), mais à distance respectable de son dernier sommet (40,21 euros). Comme le résume Angela Dean, spécialiste de la valeur chez Morgan Stanley, “le titre Nokia continue de nous sembler surévalué”.Pourtant, aucun analyste ne remet en cause les qualités intrinsèques de la firme finlandaise. “Nokia reste une belle valeur, en particulier pour celui qui souhaite glisser des titres technologiques dans son portefeuille”, confirme Emmanuel Bousquet.
Optimisme risqué
Mais“l’excellent quatrième trimestre 2001 et les premières indications à propos du premier trimestre 2002 n’ont pas gommé nos craintes quant à l’évolution de Nokia au cours des prochains mois”, avertit Angela Dean. L’analyste de Morgan Stanley laisse entendre que Nokia envisage avec trop d’optimisme le redémarrage imminent de ses deux marchés, celui des portables (70 % de son chiffre d’affaires) et celui des infrastructures de téléphonies mobiles et fixes. Le décollage des ventes de terminaux GPRS au second semestre 2002 ? “Nous pensons plutôt à un vrai démarrage en 2003 et à l’exploitation du marché de masse vers 2006-2007”, glisse-t-on chez CLSE. La croissance du marché chinois, qui représente 10 % du chiffre d’affaires de Nokia ? “Trop optimiste”, assène Angela Dean. Sans oublier les marges bénéficiaires menacées par un accroissement de la concurrence et des stocks de portables.En définitive, le risque principal couru par Nokia semble bien être celui de… décevoir les marchés.
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