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«L’acceptation des robots ne passera pas par une imitation de l’homme »

Stäubli Robotics inaugure ses premiers « cobots » industriels : les TX2, conçus pour que l’homme et la machine travaillent de concert. Tous les détails avec Bernard Carera, le directeur général de la société.

A la veille du salon professionnel Automatica qui se tiendra du 3 au 6 juin à Munich, Stäubli Robotics dévoile une nouvelle gamme de robots collaboratifs : les TX2. L’occasion de revenir sur la success story du leader français de la robotique industrielle avec Bernard Carera, son directeur général.

01net : Stäubli Robotics est français mais appartient au groupe suisse Stäubli : c’est un peu difficile à suivre, non ?

Bernard Carera : La totalité de l’activité robotique de Stäubli se trouve en France à Faverges, au sud du lac d’Annecy (Haute-Savoie). La conception, la production des pièces, la fabrication des composants, l’assemblage, les tests, les expéditions, tout est fait à partir de ce site qui emploie 1088 personnes sur les 4000 que compte le groupe dans le monde.

Parlez-nous de votre usine du futur…

Les travaux ont commencé au dernier trimestre de l’année 2013. Nous allons étendre le site et le moderniser avec davantage de robotisation et de flexibilité. Nous avons été sélectionnés dans le cadre du dispositif « Usine du futur » du gouvernement. A ce titre, nous avons reçu la visite du Premier Ministre Manuel Valls et du ministre de l’Economie Arnaud Montebourg le 12 mai dernier.

Est-ce que c’est pénalisant de continuer à produire en France ?

Nous sommes la preuve du contraire. Si nous n’étions pas rentables, il y a longtemps que nous aurions mis la clef sous la porte. Nous sommes même compétitifs puisque nous remportons des marchés en Asie et même en Chine. Nous exportons 85% de notre production à l’étranger. Pour cela, nous continuons à investir et à innover. 150 personnes travaillent dans notre service recherche et développement rien qu’à Faverge.

Vous sortez une nouvelle gamme de robots collaboratifs (cobots). Pouvez-vous nous en dire plus ?

Oui, il s’agit de la gamme des TX2. Des robots petits et moyens porteurs associés à un contrôleur CS9. Ils sont destinés aussi bien aux PME et PMI et à tous les secteurs : automobile, agro-alimentaire, mécanique, plasturgie, biotechnologie, etc..

Les cobots ouvrent le champ de la collaboration homme machine. Jusqu’à maintenant les robots  travaillaient entre eux dans un univers de robots délimité par des grilles ou des vitres blindées où l’homme n’était pas admis pour des raisons de sécurité. Avec les cobots, l’homme évolue dans le même espace et effectue ponctuellement des tâches à haute valeur ajoutée ou singulière. Par exemple, un ouvrier pourra intervenir sans problème sur une chaîne automobile pour ajouter une option rarement demandée. Nos robots sont équipés de capteurs et programmés pour éviter tout contact physique avec l’homme, le tout en toute sécurité. On définit d’un point de vue logiciel le travail et les zones où les machines peuvent évoluer. En cas de problème, elles s’interrompent tout simplement.

Quelles sont les prochaines innovations que l’on peut attendre ?

Je ne peux pas tout révéler mais nous travaillons sur le développement de la technologie web. L’idée, c’est que le technicien de maintenance puisse contrôler à distance et depuis son smartphone les robots en entrant simplement une adresse IP sur le réseau de l’entreprise. Plus besoin d’aller sur place et sur un poste. Et ce n’est pas gadget : ce sera un vrai gain en termes d’efficacité. On dispose déjà des briques technologiques pour le faire avec notre nouveau contrôleur CS9.

Que répondez-vous à ceux qui disent que la robotique détruit de l’emploi ?

C’est faux. La robotique permet de rester compétitif en créant des richesses et en redonnant des marges de productivité. Et elle supprime les tâches à faible valeur ajoutée. On forme l’opérateur et on lui apprend autre chose à faire de plus gratifiant. Nous-mêmes avons robotisé nos chaînes de production tout en continuant à embaucher 80 personnes par an. Mais le meilleur exemple à ce sujet, c’est l’Allemagne. Le pays d’Europe le plus robotisé avec le taux de chômage le plus bas.

Pensez-vous, comme certains Japonais, qu’il faille que les robots adoptent une forme humaine pour être mieux acceptés dans les usines ?

Je ne pense pas que lacceptation de la machine passera par une imitation de l’humanité. Et il faut que l’homme reste maître de la machine.

A lire aussi :

Stäubli, le leader de la robotique française est ..Suisse 17/04/2013

Innorobo : les cobots séduisent les industriels 20/03/2014

 

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Amélie Charnay