Nations unies, Conseil de l’Europe, OMC, OCDE : la diplomatie multilatérale domine désormais l’actualité des nations. “ Le jeu diplomatique demande de suivre un nombre croissant de négociations qui, bien souvent, se tiennent au même moment. Cela nécessite des moyens conséquents pour dépêcher l’expert idoine ou assurer une représentation durable “, résume un diplomate du Quai d’Orsay. Des milliers de groupes de travail où chaque nation se doit d’être représentée et qui exigent, de la part des chancelleries, des moyens humains et financiers de plus en plus discriminatoires.
Des gènes communs
C’est dans ce contexte que la Mediterranean Academy of Diplomatic Studies de l’Université de Malte développe depuis 1998 un programme d’études baptisé Diploproject, pour promouvoir l’utilisation d’internet dans les négociations diplomatiques. Avec pour objectifs de former les jeunes diplomates des pays les moins influents pour leur permettre de participer pleinement au concert des nations.” Internet et la diplomatie ont les mêmes gènes : ils sont constitués d’interaction et d’information “, lance, un brin provocateur, Jovan Kurbalija, directeur du Diploproject. Car, si le déploiement de sièges de représentation de par le monde est le plus antique réseau d’information mondialisé, la communication diplomatique s’appuie sur un protocole très différent de celui d’internet. Le télégramme informatique chiffré, qui a largement supplanté les échanges d’informations par valise diplomatique, respecte encore un lourd formalisme d’écriture et de contre-signature.Une communication officielle est scellée grâce à un système de chiffrement appliqué par l’envoyeur et décodé par le destinataire : au Quai d’Orsay, le télégramme informatique propriétaire s’appelle Compostel à l’envoi et Audiotel à la réception. Par ce biais hiérarchique à l’envoi comme à la réception, il est impossible d’aller vers une personne en particulier. Mais, ainsi que le confirme un diplomate des Affaires étrangères, le réseau des réseaux a néanmoins tissé sa toile : ” L’utilisation d’internet dans le travail diplomatique est une pratique qui se développe. Néanmoins, elle n’est pas encore complètement sécurisée et se limite à la préparation technique des négociations. “
Intégrer tous les acteurs du débat
Pour Harold Valentin, conseiller technique auprès du ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, la montée en puissance des réseaux de communication électronique aboutit à un changement dans la manière de négocier et d’intégrer des groupes de pays. ” Internet permet de mettre en réseau tous les experts techniques travaillant sur même dossier, sans le formalisme d’une réunion internationale, ou celui de la communication par voie diplomatique “, explique-t-il.Et le conseiller de continuer : ” Cela permet de défricher en amont des solutions sur des sujets de négociation de plus en plus complexes techniquement, d’associer à ce processus un nombre significatif de partenaires sans l’adhésion desquels le lancement de la négociation serait inutile. “Bien sûr, précise-t-il, dans un deuxième temps, la diplomatie traditionnelle reprend le dessus, ” dans une négociation où les rapports de force dominent à nouveau. ” Par conséquent, les pays qui ne peuvent pas assurer une représentation diplomatique dans les réunions internationales peuvent néanmoins faire valoir leur point de vue en amont de la négociation. Comme pour la conférence du G8 (les huit pays les plus industrialisés) qui se tiendra à Tokyo du 22 au 24 mai.Pour ces nouveaux territoires de l’action diplomatique, l’avis des experts est déterminant. Mais, pour le club des nations représentées à la Mediterranean Academy of Diplomatic Studies de l’Université de Malte, l’enjeu d’internet est plus radical. Des Balkans aux Caraïbes, en passant par l’Ouganda et le Kazakhstan, on croit à l’ambassade virtuelle et aux nouvelles technologies comme outil de négociation politique.
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