En 1996, VocalTech présente le premier produit commercial de téléphonie sur Internet. La mauvaise qualité de la voix et l’aspect gadget du logiciel ne lui permettent pas de remplacer le téléphone. Plus tard, l’américain Selsius sort le premier iPBX, un système téléphonique d’entreprise utilisant le réseau informatique. Malgré le faible succès commercial de son produit, Selsius montre la voie, et est racheté 145 millions de dollars par Cisco Systems. Depuis, tous les fabricants de PABX annoncent leur iPBX. On constate une convergence des domaines voix et données illustrée par des rachats de sociétés spécialisées, tels ceux d’Ascend Communications, par Lucent Technologies ; de Bay Networks, par Nortel Networks ; ou encore par l’acquisition de start-up développant des iPBX, comme Selsius, par Cisco, ou NBX, par 3Com.
Offrir une réelle valeur ajoutée
Si l’iPBX apporte une meilleure intégration au réseau de données de l’entreprise, il n’en est pas moins une pâle copie de son aîné, le PABX à commutation de circuits. Il hérite également de ses défauts, car il est encore très peu ouvert. On ne trouve pas de combinés téléphoniques ou de messageries séparés de l’offre iPBX. L’industrie, trop pressée, n’a pas compris que le client ne recherche pas une nouvelle technologie, mais une valeur ajoutée. Pendant ce temps, en ce qui concerne les opérateurs et les fournisseurs d’accès, une révolution s’est progressivement mise en marche, offrant d’abord une réduction importante des coûts de communication. C’est le cas, par exemple, chez Net2Phone, qui casse les prix pour une qualité, malgré tout, médiocre. Désormais, les opérateurs évoluent vers des infrastructures à valeur ajoutée plus complexes. Le Clearinghouse, service le plus en vogue, consiste à raccorder les différents réseaux constituant Internet par des serveurs de voix sur IP. Ils communiquent de façon intelligente, selon la signalisation SS7 (Signaling system 7), et peuvent réorienter des appels IP vers la passerelle téléphonique la plus proche. Plus près de l’utilisateur, le softswitch est l’équivalent IP des autocommutateurs régionaux qui gèrent plusieurs dizaines de milliers de lignes téléphoniques. Ce sont les opérateurs câble et xDSL qui, grâce à ce softswitch, peuvent créer un véritable réseau de voix sur IP. Mais l’iPBX ne donne pas la possibilité, alors, de tirer parti des investissements des opérateurs. En effet, l’iPBX s’interface directement avec le réseau téléphonique commuté, à la porte de l’entreprise. Normalement, un iPBX pourrait réorienter la voix sur IP vers le softswitch local en utilisant les connexions Internet de l’entreprise, mais l’opérateur ne fabrique pas d’iPBX, et l’aspect propriétaire de ces derniers empêche toute interopérabilité. Pour palier ce défaut, les opérateurs déploient progressivement des solutions d’IP-Centrex, qui ajoutent au softswitch des fonctionnalités minimales pour l’entreprise. Avec l’IP-Centrex chez l’opérateur (comme auparavant le Centrex, très prisé aux Etats-Unis, mais ignoré en Europe), une société peut transmettre des appels ou accéder à sa messagerie vocale. L’avantage est considérable pour une petite PME qui n’a pas les moyens d’investir dans un PABX, mais le poids de la gestion du système ?” l’ajout d’une ligne, par exemple ?” requiert l’intervention d’un technicien. De plus, le peu de fonctionnalités (absence de Reconnect, de Call back, de Recall, de Hunt groups, etc.) et, surtout, le manque d’adaptabilité aux besoins spécifiques de chaque entreprise le limitent à des structures de très petite taille. L’iPBX et l’IP-Centrex sont donc dans une impasse.
Vers une nouvelle génération d’iPBX
La solution viendra d’une nouvelle génération d’iPBX, plus souple que l’IP-Centrex, totalement logicielle, portable dans différents environnements (Unix, Linux, Windows, messagerie unifiée, administration, etc.) et possédant, surtout, des interfaces de programmation ouvertes. Elle se déploiera directement chez l’opérateur, tout en gérant n’importe quel type d’équipement chez le client (téléphones IP, routeurs, etc.). Les appels téléphoniques seront transportés en IP jusqu’à l’opérateur, qui les relaiera au Clearinghouse, puis vers la passerelle téléphonique la plus appropriée, de façon à diminuer considérablement les coûts de communication. Mais la valeur ajoutée ne se limite pas aux économies réalisées. L’opérateur gère l’iPBX et ses évolutions tandis que le client garde le contrôle complet de son système téléphonique pour l’ajout de lignes, les restrictions d’accès et les caractéristiques des postes, ce que ne lui permettait pas un IP-Centrex. De plus, l’opérateur proposera des services d’accès et de facturation sur le Web avec, en prime, des applications CTI (Computer telephony integration) comme les centres d’appels. Ce sera alors la vraie révolution, celle qui amplifie et valorise le Web. ;
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