La facture téléphonique des entreprises devrait sensiblement baisser lorsque seront proposées les premières offres de voix numérique sur DSL (VoDSL). Cette technologie permet de superposer de nombreuses lignes téléphoniques sur une liaison DSL, en laissant suffisamment de bande passante pour les données. Selon Marc Verhoeyen, chef de produit pour la voix sur DSL chez Alcatel, “la facilité d’installation de lignes VoDSL, associée à des coûts moindres d’exploitation, d’administration et de maintenance, permet de proposer aux usagers des tarifs plus bas. Par exemple, il n’est plus nécessaire d’envoyer un technicien chez l’abonné pour mettre en service ou hors service, une ligne téléphonique “. Du côté de l’usager, les données et la voix sont en effet exploitées à partir du même équipement d’accès intégré, ou IAD (Integrated Access Device). La technologie employée (lire encadré) suscite donc logiquement l’intérêt des opérateurs alternatifs. Selon une étude du cabinet Gartner Dataquest réalisée en 2000, 65 % des opérateurs européens offriront des services de voix sur des lignes DSL dans les quatre années à venir. Et pour cause : “Les opérateurs peuvent espérer un retour sur investissement à la fin de la deuxième année d’exploitation, estime Maurice Abécassis, directeur général pour la France de Zhone Technologies, un constructeur américain d’IAD. Sans la voix, il n’y a pas de modèle économique qui permette à un opérateur de gagner de l’argent avec des lignes dégroupées.” La voix sur DSL pourrait donc se révéler l’arme fatale des opérateurs alternatifs pour offrir des services compétitifs à leurs clients. France Télécom, dont les revenus issus de la téléphonie fixe se sont élevés à 13,1 milliards d’euros pour l’année 2000 (sur un total de 18,75 milliards d’euros de revenus avec ses services fixes de voix et de données), peut donc craindre pour ses parts de marché. Une fois le dégroupage effectif, les opérateurs pourront servir le dernier kilomètre jusqu’à leurs abonnés, en court-circuitant son réseau de téléphonie, non seulement avec des services de voix classiques, mais aussi des services de voix sur DSL.
France Télécom se tourne vers les marchés étrangers
L’opérateur historique ne semble pas préoccupé, se contentant de reconnaître une position “100 % défensive sur le marché français”. En revanche, il a récemment lancé un appel d’offres pour l’achat d’équipements VoDSL. Si le marché français de la voix sur DSL ne l’intéresse pas, il en est autrement des marchés étrangers, où France Télécom est un opérateur alternatif. En tant que tel, il cherche à développer son catalogue de technologies, et donc de services. Cegetel, qui a déjà réalisé de gros investissements pour son réseau fixe (préfixe 7), estime, pour sa part, que “la technologie n’est pas assez mature et qu’il faudra attendre le dégroupage effectif avant de mettre au point des développements “. Il est vrai qu’il n’a pas intérêt, lui non plus, à concurrencer les infrastructures dans lesquelles il a investi par le passé. Toutefois, le manque de maturité de la technologie VoDSL n’a pas empêché Zhone Technologies d’en faire une large démonstration, lors du dernier CeBIT de Hanovre. Le constructeur a alors utilisé des postes téléphoniques RNIS classiques, reliés à ses IAD. “Nos IAD utilisent le système d’allocation dynamique AAL2 : le débit non utilisé par la voix peut être alloué aux données à la volée “, précise Maurice Abécassis. 9 Telecom, qui va bientôt lancer, lui aussi, des offres de connexion ADSL pour les entreprises, a prévu de démarrer des expérimentations de VoDSL au second semestre 2001. L’opérateur préfère miser sur la technologie SHDSL. “Nous offrirons ainsi un nombre plus important de lignes téléphoniques aux entreprises “, signale Jean Cabo, directeur du programme boucle locale chez 9 Télécom. Offrant un débit symétrique assez élevé (de 192 kbit/s à 2,3 Mbit/s), SHDSL est en effet plus indiquée qu’ADSL : la transmission de la voix exige un flux symétrique, qui serait limité avec l’ADSL.
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