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La ville de Paris se substitue aux incubateurs privés

La municipalité prend le relais des fonds existants, qui, tel Republic Alley, deviennent des sociétés d’investissement.

Signe d’un printemps financier ? Republic Alley, nouvelle formule, s’apprête à lever “entre deux et cinq millions d’euros pour investir dans des sociétés de la nouvelle économie en retournement”, indique Gilles Labossière, directeur général de l’ex-incubateur. L’entreprise, qui fut un symbole des financements providentiels de l’âge d’or du net, s’est transformée en société d’investissement et affiche un bel optimisme. La semaine dernière pourtant, le bruit courait que Republic Alley était en voie de “nationalisation” par une mairie de Paris se rêvant en business angel.“Les incubateurs privés ne sont pas viables. Nous étudions avec Republic Alley une transformation de l’incubateur en pépinière municipale”, déclarait Christian Sautter, adjoint au développement économique de Bertrand Delanoë. “Les incubateurs sont des outils de développement local, qui ont vocation à être subventionnés par les institutions publiques”, confirmait Hubert Duault, directeur adjoint de Paris Développement (coentreprise de la Ville et de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris, chargée du développement économique de la Capitale). Chez Republic Alley, on approuve le diagnostic : l’incubation combine les métiers d’amorçage, de conseil et d’hébergement, ce qui n’offre plus aux investisseurs privés de perspective suffisante de rentabilité. L’accompagnement d’une jeune pousse, avant qu’il soit possible de sortir de son capital, se compte en années et non plus en mois.Alors quels sont les projets de la Mairie de Paris ? “Les discussions ne portent que sur la reprise du bail du “business center” par une structure étatique ou para-étatique”, précise Gilles Labossière. En d’autres termes, Republic Alley, recentré sur la gestion de prises de participation au capital de sociétés mûres, et dont les activités de conseil ont été filialisées et redéployées vers les grands comptes, n’a plus besoin de ces 800 m2 de bureaux. La Ville étudie avec Laurent Edel, cofondateur de l’ex-incubateur et dont la famille est propriétaire de l’immeuble de la rue du Faubourg-du-Temple, le montage d’une société d’économie mixte pour la gestion d’une pépinière municipale. Sur le modèle des Paris Cybervillage, qui existent dans le 19e arrondissement.À l’Hôtel de Ville, Christian Sautter affirme que“la ville de Paris ouvrira des pépinières municipales tant que les besoins d’hébergement ne seront pas satisfaits.” Le contrat de service offert aux jeunes entreprises leur permet de bénéficier gratuitement de conseils en management. “À l’horizon 2005, la municipalité devrait mobiliser une équipe de sept consultants chargés de gérer un portefeuille d’une trentaine de sociétés”, explique Hubert Duault. Reste le problème de l’accompagnement financier des jeunes pousses, dont les incubateurs privés, de Tocamak à Republic Alley, ne veulent plus faire les frais.

Les universités amorcent

Christian Sautter prévient que “la Mairie de Paris ne fait pas de capital-risque, mais subventionne les incubateurs publics pour favoriser l’investissement privé dans les nouvelles technologies.” Paris Innovation, l’incubateur public de la rue Geoffroy-Saint-Hilaire, bénéficie ainsi d’un financement public de quelque 100 000 euros par an, pendant cinq ans, pour huit jeunes pousses en développement. L’incubateur Agoranov ?” constitué sous le statut de la loi Allègre et réunissant l’École normale supérieure, les universités Pierre et Marie Curie-Paris VI, Paris IX-Dauphine, et les dix grandes écoles regroupées dans Paris Tech ?” a gagné quant à lui un soutien de la municipalité qui débloquera une aide de 300 000 euros par an pendant cinq ans. “Aux États-Unis, après la saignée des “business angels”, ce sont les universités qui ont repris en main l’amorçage, via des fondations privées”, commente Hubert Duault, qui a été pendant six ans directeur de l’agence Invest in France à New York. Pour lui, l’adaptation dans l’Hexagone du modèle américain passe par un investissement des collectivités locales. Cette politique trouve aujourd’hui un écho certain auprès de la municipalité. Afin de combler le vide laissé par la reconversion des anciens incubateurs privés. Et pour faire des incubateurs publics le pôle d’attraction de linnovation privée.

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Sébastien Fumaroli