La ville américaine de Kansas City joue à nouveau les pionnières. Cette fois-ci, il ne s’agit pas de cow-boys s’aventurant dans le Far West, mais plutôt de médecins et d’informaticiens à l’avant-garde de la lutte contre le bio-terrorisme ! Les élus de Kansas City viennent, en effet, de dévoiler un système d’alerte électronique capable de révéler très vite la présence d’une épidémie, ou d’une maladie dangereuse dans la ville. Toutes les instances politiques du cru ?”au total neuf juridictions différentes?” et les responsables de Cerner, l’expert local en gestion informatique des données de santé, se sont réunis. Et ils ont décidé de créer un réseau de surveillance baptisé Health Sentry (sentinelle santé). Celui-ci va mettre au placard l’actuel système d’alerte basé… sur la bonne volonté des médecins, le courrier et les télécopies.
Un intermédiaire informatique
“Au lendemain de l’attaque terroriste contre le World Trade Center, à New York, suivie par la contamination de plusieurs Américains par la maladie du charbon, nous avons pris conscience des risques biologiques encourus”, explique Neal Patterson, le PDG de Cerner (542,6 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2001, soit 600 millions d’euros).Les salariés de l’entreprise gèrent les flux informatiques des différentes données de santé des patients, fournies pas les laboratoires pharmaceutiques, les médecins, les hôpitaux… Un quart des examens de laboratoire aux États-Unis passent par Cerner, 60 % dans la région de Kansas City. Neal Patterson a compris que toutes ces informations mises bout à bout, et analysées ensemble, pourraient amener à créer une plateforme très efficace de détection de virus et de pathologies dangereuses. Encore fallait-il obtenir le feu vert des CDC (Center for Desease Control), les centres de surveillance et de détection des maladies. à Kansas City, communauté de 1,8 million d’habitants construite sur la frontière du Kansas et du Missouri, il a fallu convaincre deux fois plus de monde : les responsables politiques des deux États, ceux de la ville et des différents comtés concernés. Car la maladie n’a pas de frontières.L’état actuel du système d’alerte de la santé publique a bien aidé les émissaires de Cerner. Tout repose, en effet, sur l’efficacité des médecins, obligés par la loi à signaler l’apparition de certaines maladies. Ils doivent remplir, à la main, un rapport et l’envoyer à l’administration. L’alerte peut ainsi être donnée quelques jours après l’arrivée d’une épidémie, ou plusieurs mois après. Le plus souvent, les médecins n’entendent jamais plus parler de leur missive… et ne savent même pas si elle est arrivée à bon port.
Les tests de 2 500 labos
Les responsables politiques, conscients de la faiblesse du système opérationnel jusque-là, ont donc écouté le PDG de Cerner avec intérêt. Leur unique problème : “Savoir en combien de temps Health Sentry pourrait être installé”, se souvient Kim Hlobik, directrice du projet de bio-surveillance chez Cerner.Au début du mois d’avril, Health Sentry a donc vu le jour. Pour moins de 10 millions de dollars, les informaticiens de Cerner ont construit des bases de données sur internet pour regrouper les tests de 2 500 laboratoires. L’entreprise utilise les systèmes informatiques existant dans les cliniques, hôpitaux, et autres organismes de santé. Cerner collecte les données brutes, les analyse et tente de détecter l’émergence d’une menace biologique. Tout est enregistré : sexe, âge, race, adresse… du patient.Si un élément suspect apparaît, les services de santé de la ville sont prévenus par e-mail, pager et téléphone mobile. Ils peuvent alors consulter les informations en archives sur internet à travers un réseau privé sécurisé. Les médecins fonctionnaires apprécient. “C’est la plus grande étape que nous ayons franchie en matière de santé publique depuis 20 ans”, estime le directeur du service santé de Clay County dans le Missouri. Les médecins des hôpitaux sont tout aussi enthousiastes car la confidentialité de leurs relations avec les malades est préservée. En effet, les données informatiques sont cryptées, et seuls les représentants de la santé publique y ont accès… Selon la loi.* envoyée spéciale à Kansas City
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