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La ville d’Amiens renonce au vote électronique

La commune a décidé de retirer les machines à voter qui devaient équiper dix-huit de ses soixante-huit bureaux. En revanche, les électeurs pourront essayer ces appareils et donner leur avis.

Dimanche 22 avril, pour le premier tour de l’élection présidentielle, la totalité des électeurs d’Amiens, qui compte 136 000 habitants, remplira son devoir civique en glissant, comme à l’ordinaire, un bulletin de
vote papier dans une urne transparente. Certains d’entre eux, pourtant, auraient dû se servir de machines à voter électroniques. Mais il n’en sera rien, puisque la Ville a décidé de retirer, au dernier moment, ces appareils.Après avoir testé dans trois bureaux des machines à voter électroniques, de marque Nedap, à l’occasion du référendum sur le projet de constitution européenne en 2005, Amiens avait décidé de passer officiellement au vote
électronique dans dix-huit de ses soixante-huit bureaux de vote.Mais ce matin du 20 avril, le maire (UDF) Gilles de Robien a fait ‘ machine arrière ‘ et annulé l’opération. Les électeurs pourront, après avoir voté de manière traditionnelle, essayer les
machines électroniques et laisser leurs impressions sur des registres ouverts à cet effet.‘ En 2005, la population qui avait testé ces machines avait assez bien réagi, en particulier les jeunes et les personnes âgées, explique Béatrice Leroux-Lepage, adjointe au maire chargée des
élections. Cette année, le ressenti n’était pas le même et l’on entendait parler de refus de voter, d’abstention, voire de possibles mises à sac des bureaux de vote, ce qui traduisait une certaine réticence par rapport au vote
électronique. ‘

Des machines jugées non conformes

Au-delà du simple ressenti, la décision de la Ville semble surtout faire suite aux actions judiciaires entreprises par certains électeurs. Quelques heures avant la décision de la municipalité, le tribunal administratif d’Amiens, saisi
par une dizaine d’habitants, avait refusé de désigner un expert chargé de vérifier la conformité des machines électroniques. Selon les plaignants, le matériel ‘ ne remplissait pas toutes les exigences édictées par un arrêté du
ministère de l’Intérieur du 17 novembre 2003 ‘.
Les électeurs en question soulignaient que les machines ne disposaient pas ‘ d’une horloge interne permettant de dater les divers événements et comptes rendus, en cours et hors du scrutin, de manière à garder une
trace de toutes les interventions en cas de contrôle ou de contentieux ‘,
rapporte l’AFP. Le tribunal a constaté que cette situation était reconnue par la mairie et, par conséquent, décidé ne pas nommer d’expert.De fait, les requérants avaient la possibilité de faire valoir eux-mêmes l’éventuelle invalidité des machines par un simple constat d’huissier, dressé le jour du vote. Ce qui aurait pu entraîner l’annulation du scrutin. La Ville
d’Amiens semble donc avoir voulu éviter une telle situation, et préféré renoncer à ses ordinateurs de vote.

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Philippe Crouzillacq