Le désormais célèbre plan de restructuration en dix points, lancé en juillet 1998 par Heinrich von Pierer, le président de Siemens, devait arriver à son apogée le 12 mars dernier, soit le jour de l’introduction du groupe bavarois au New York Stock Exchange. Mais la fête n’a pas été au rendez-vous, le titre perdant, lors de son premier jour de cotation, 6 % par rapport à son cours de clôture en Europe, le vendredi précédent.Cela fait désordre. D’autant que, 24 heures plus tard, Siemens prévenait la communauté financière d’une nouvelle détérioration de sa visibilité dans le domaine des semiconducteurs. Dommage pour Heinrich von Pierer, qui comptait sur l’opération pour médiatiser la société outre-Atlantique. Si les États-Unis représentent le premier marché mondial du groupe en terme de chiffre d’affaires, seuls 12 % des Américains avouent connaître la marque. Étonnant quand on sait que ce groupe est implanté là-bas depuis 47 ans !Du coup, la cotation à Wall Street va coïncider avec le lancement d’une énorme campagne de communication. Budget estimé : 49 millions d’euros. La conjoncture, il est vrai, a rendu l’exercice boursier quelque peu périlleux. Dommage, car depuis trois ans le travail de rénovation réalisé sur les différents métiers du groupe est indéniable.Même si on peut regretter l’attentisme des dirigeants à l’égard du phénomène internet, les efforts fournis dans le secteur des télécommunications, de la micro-informatique, de l’énergie ou du transport, les investissements réalisés dans les nouvelles technologies et les secteurs à forte croissance se retrouvent dans les résultats.Le bénéfice net a explosé de 149 % entre 1998 et 2000, tandis que le cours de l’action était multiplié par trois. Mais, à ce combat, s’en est ajouté un autre, beaucoup plus insidieux : le lifting de la culture d’entreprise, ou comment passer d’une société obsédée par la recherche, méfiante à l’égard de la stratégie marketing, indifférente aux actionnaires, à une entreprise transparente, soucieuse de rentabiliser ses compétences et prête à motiver ses troupes.Ce qui n’est pas une mince affaire, compte tenu du con-texte socio-économique outre-Rhin : un pays où les syndicats occupent un tiers des sièges, sinon plus, au conseil de surveillance des grandes entreprises, et conservent notamment un droit de veto sur d’éventuels programmes de licenciements. Pour l’anecdote, c’est encore le patron de General Electric (GE), Jack Welch, qui qualifiait Siemens de première agence mondiale de recherche d’emploi…Le groupe compte 447 000 salariés aujourd’hui, contre 340 000 chez GE. Il n’empêche. À 60 ans, Heinrich von Pierer peut se targuer d’avoir profondément modifié le profil de cette entreprise vieille de plus d’un siècle et demi. Il lui faut désormais achever sa migration vers les galaxies électroniques. À Munich, depuis les bureaux du centre ” e-excellence “, le regard peut capter les avions qui décollent des pistes de l’aéroport tout proche. On peut y voir le symbole d’une autre volonté chez Siemens : celle de souvrir sur le monde.
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