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La vidéo manque de compression pour concurrencer la télévision

Mauvaise qualité et images saccadées… Les fichiers vidéo circulent à l’étroit sur internet. L’un des coupables désignés, le format de compression, est pourtant en pleine évolution.

Nouveaux formats, surenchère dans les taux de compression, annonces tous azimuts de révolution dans le domaine… Le monde de la compression vidéo est en ébullition. A la clé, la mainmise sur la diffusion des webTV et de la vidéo sur internet. Persuadés que, d’ici à quelques années, le net damera le pion à la télévision hertzienne et prendra sa place dans les foyers, les acteurs se pressent pour s’imposer sur ce nouveau marché. Les alliances Time Warner-AOL et Vivendi-Universal en témoignent. Pour le moment, la grande majorité des PC est reliée au réseau via des modems RTC n’excédant pas 56 Kbit/s. Avec un si faible débit, les séquences visionnées en temps réel à partir du web s’apparentent plus à une succession de diapositives vaguement floues qu’à de la vidéo. Du coup, seuls 8 % des internautes français visionnent de la vidéo sur le net, selon Forrester Research.

Le haut débit accessible à quelques privilégiés

Pour améliorer la qualité, deux solutions : soit généraliser les accès à haut débit pour augmenter la bande passante, soit diminuer la taille du fichier vidéo pour le rendre plus fluide. Comme les accès à haut débit sont entre les mains soit de France Télécom pour l’ADSL, soit de quelques opérateurs qui proposent des bouquets de télévision pour le câble, seule la compression peut être améliorée. D’autant que le haut débit reste encore limité à quelques privilégiés et que cette situation risque de s’éterniser. En revanche, la compression des fichiers, jusqu’à les rendre accessibles via un modem RTC, déchaîne tous les espoirs. La réalité est pourtant tout autre : actuellement, seuls quelques formats de compression propriétaires, comme Real Audio, Quicktime ou Windows Media Video et les normes MPEG-1 et 2, atteignent une qualité proche du VHS avec une connexion de l’ordre de 400 Kbit/s.Pourtant, fin 1999, le format MPEG-4, issu du même groupe de travail que MPEG-1 et 2, est passé au rang de standard. Mais ce nouveau venu n’apporte pas de progrès notable quant au taux de compression. S’il fallait disposer d’une connexion de 1 Mbit/s avec la norme et MPEG-1 pour obtenir un film de qualité VHS en streaming sur le web, il faut toujours compter 500 Kbit/s pour MPEG-4. Les éditeurs de lecteurs de vidéo ne l’adoptent pas facilement. “Le MPEG-4 est trop lourd “, tranche Lionel Cosmano, responsable marketing chez Real Networks. Du coup, l’éditeur de Real Player, l’un des lecteurs les plus répandus, affirme que son format propriétaire Real Video ne nécessite pas plus d’une connexion à 220 Kbit/s. Pour le moment, il n’existe pas de lecteur de vidéo en streaming gérant le MPEG-4. Seul Microsoft, élément influent du groupe de travail du MPEG, a prévu de l’intégrer dans sa version 8 de Windows Media Player, encore en bêta. Le MPEG-4 risque de contenter les quelques internautes américains ou japonais qui possèdent des accès vraiment haut débit. Finalement, aucune solution ne semble conçue pour la diffusion en temps réel à partir du web.

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Corinne Couté