Qui a déjà vu des programmes TVHD émis en 1080 lignes de 1920 pixels (contre 576 lignes de 720 pixels actuellement) sait très bien qu’il s’agit là d’une révolution au moins aussi importante que le
passage du noir et blanc à la couleur.Aux Etats-Unis, au Japon ou en Australie, ceux qui peuvent profiter de la TVHD déclarent qu’ils ont du mal à revenir ensuite à un suivi de programmes émis en qualité normale. Et encore la plupart de ces téléspectateurs ne
bénéficient-ils souvent sur leur écran que d’une définition de 720 lignes de 1200 pixels !Le problème pour que l’Europe s’y mette à grande échelle, on le sait, est avant tout celui du coût du récepteur : en pratique, seuls certains rétroprojecteurs à tubes ou à micro-LCD peuvent aujourd’hui
visualiser de telles images pour un coût de l’ordre de 3 000 euros aux Etats-Unis ; des écrans plasma adaptés ne seront pas disponibles cette année à un prix inférieur à 10 000 euros.Les écrans CRT classiques pourraient, aujourd’hui, visualiser ces images, mais quel intérêt ? Il faudrait se placer à 1 m de l’écran pour profiter de cette définition sur un écran à la diagonale technologiquement
bridée à 95 cm !Il n’empêche que, comme nous l’avons déjà évoqué dans ces colonnes (voir Electronique International Hebdo du 9 octobre denier), tout converge pour que la TVHD fasse l’objet de toutes les
attentions dès cette année : JVC a déjà commercialisé un caméscope grand public TVHD ; les premiers DVD TVHD vont être commercialisés aux Etats-Unis dans quelques mois ; il existe d’ores et déjà des projecteurs et des
rétroprojecteurs vidéo ‘ compatibles TVHD ‘ capables de visualiser 720 lignes de 1200 pixels à un coût pouvant descendre à 2 000 euros. Les stocks de programmes enregistrés en TVHD sont par ailleurs
aujourd’hui suffisants pour fournir d’éventuelles ‘ chaînes ‘ dédiées.L’industrie de l’électronique se doit, donc, de suivre l’expérience d’Alfacam, société spécialisée dans l’enregistrement de programmes travaillant pour l’industrie de la télévision et du
cinéma. Le décor étant planté, que peut inspirer le manque général de réaction à l’expérience d’Alfacam ?L’absence totale de soutien des pouvoirs publics, tout d’abord, ne serait-ce qu’à l’idée, est assez déprimante. Derrière la TVHD se cachent en effet plusieurs industries susceptibles de créer des milliers
d’emplois et même éventuellement des matériels innovants exportables.Le modèle économique utilisé par Alfacam dans un premier temps est ensuite intéressant : il compte sur l’intérêt de sponsors à sa chaîne Euro1080 (tel Pioneer, qui, en échange de subventions, aura le droit d’afficher
cette chaîne sur ses écrans plats en vente dans différents magasins européens), et il vend 200 euros une carte d’abonnement éternel qui doit être introduite dans les décodeurs adaptés.
A découvrir… pour 2 000 euros
L’absence de commentaire du syndicat du grand public, le Simavelec, est aussi révélateur : ce syndicat est bien devenu un syndicat d’importateurs et non plus de fabricants. La naissance d’Euro1080 peut enfin
inspirer une crainte : que la communication de ce qu’est la vraie TVHD ne soit pas honnête auprès du public.Il serait sans doute souhaitable, compte tenu de l’expérience américaine, de classer les récepteurs en 4 classes : la classe S (standard, pour les émissions actuelles), la classe 2 (720 lignes de 1000 ou
1200 pixels pour la TVHD économique), la classe 3 (1080 lignes de 1200 ou 1400 pixels pour les récepteurs TVHD à technologie aujourd’hui bridée, par exemple à micromiroirs), et la classe 4 (1080 lignes de
1 920 pixels pour la TVHD pleine définition).La réception d’Euro1080 n’est pas, aujourd’hui, à la portée du grand public. Mais les industriels vont pouvoir la découvrir dans les jours qui viennent pour seulement 2 000 euros TTC : le récepteur
peut être un PC (muni d’une carte graphique avec entrée vidéo et un très bon RamDAC), associé à un excellent moniteur.L’antenne de réception et sa tête peuvent ne coûter que 50 euros. Un décodeur TVHD devrait être commercialisé dans les jours qui viennent, au moins par les magasins Surpin (ils ont un site Web) ; il faut
s’attendre à un prix de l’ordre de 600 euros TTC (la carte d’abonnement éternel de 200 euros sera fournie en sus).Pour visualiser l’image TVHD, l’un des meilleurs compromis actuels est le moniteur CRT 22 pouces NEC-Mitsubishi Diamond Pro 2060 U (à peine plus de 1000 euros). Il est capable de restituer presque
toutes les finesses d’une vraie image TVHD… avec un contraste superbe.* Rédacteur en chef d’Electronique International Hebdo
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.