Qui profitera du ‘ dividende numérique ‘, c’est-à-dire des fréquences rendues libres après l’extinction de la télévision analogique en 2011 ? Le consommateur peut-être. Les acteurs de l’audiovisuel et des
télécommunications très certainement. En attendant que le gouvernement tranche, les deux mondes se disputent ces fréquences, les uns pour diffuser de la télévision haute définition, les autres pour apporter du très haut débit sur tout le
territoire national.‘ La loi prévoit l’attribution de 50 % ou plus de ces fréquences à l’audiovisuel ‘, rappelle Bruno Retailleau, sénateur de la Vendée et membre de la Commission parlementaire sur le
dividende numérique. ‘ Mais les textes précisent également que le dividende numérique doit être consacré à la diversification de services, à l’optimisation des services du domaine public, c’est-à-dire notamment des ministères
de l’Intérieur et de la Défense, et enfin à la réduction de la fracture numérique, poursuit Bruno Retailleau. Et sur ce dernier point, il bien prendre en compte une particularité française: la repopulation en cours des zones
rurales. En France 31% des habitants résident déjà en zone rurale, contre 4% en Grande-Bretagne et 10% en Italie. ‘ La réduction de la fracture numérique, c’est précisément ce cheval de bataille qu’a décidé d’enfourcher le
monde des télécoms pour obtenir sa part du gâteau.
Le risque d’une France à deux vitesses
Hier, lundi 15 octobre, les opérateurs télécoms ont donc exposé leurs arguments à travers un rapport rédigé par Guy Roussel, président d’Ericsson France et Bertrand Lacroix, vice-président d’Alcatel-Lucent. Pour les auteurs de ce
document, l’enjeu est d’offrir à l’ensemble de la population un accès à très haut débit fixe et mobile. Et cela passe par la réattribution des fréquences basses de la télévision analogique aux opérateurs télécoms, dont les ressources spectrales
actuelles ne seront pas suffisantes pour atteindre cet objectif. Le rapport souligne que ‘ les technologies filaires (câble, DSL, et dans l’avenir la fibre optique) ne peuvent couvrir l’ensemble du territoire français pour offrir un
accès haut et très haut débit ‘. Le risque serait de créer une France à deux vitesses avec d’un côté des zones urbaines très denses profitant d’un accès à 50 Mbit/s ou 100 Mbit/s et de l’autre un monde rural cantonné à du
512 Kbit/s. ‘ Des choix structurants pour les prochaines décennies ‘, précisent les auteurs du rapport.Des arguments qui peuvent porter, surtout à un moment où la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, déclare que le retard de la France en matière de nouvelles technologies par rapport aux pays nordiques et à l’Amérique du Nord coûte
actuellement au pays 0,5 point de croissance par an. La commission parlementaire sur le dividende numérique commence prochainement ses auditions et rendra ses conclusions au Premier ministre, qui statuera sur la réattribution de cette partie
très convoitée du domaine public.
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