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La Turquie interdit 138 mots dans les noms de domaine

Les autorités turques ont dressé une liste de mots qu’il est désormais interdit d’utiliser dans les noms de domaine, dont des prénoms et des termes anodins, ce qui pourrait conduire au blocage de milliers de sites.

La censure sur Internet s’intensifie en Turquie. La Haute Instance des télécommunications vient de dresser une liste de 138 mots qu’il est désormais interdit d’utiliser dans les noms de domaine. La semaine dernière, l’autorité a adressé une circulaire aux fournisseurs d’accès et aux hébergeurs pour les avertir de cette mesure.

Ils ne doivent plus attribuer de noms de domaine comportant les termes figurant sur la liste et bloquer l’accès aux sites les utilisant. La haute instance promet des punitions aux sociétés qui ne respecteraient pas ses directives, sans en préciser la nature ni sur quel argument légal elle va s’appuyer.

Des quiproquos entre les mots en turc et en anglais

La mesure est déjà choquante en soi car elle porte atteinte à la liberté d’expression. Elle l’est plus encore au vu des termes qui y figurent. Comme s’en étonne le site d’informations turc Bianet, la liste contient des mots totalement anodins, tels que les prénoms Adrianne et Haydar, et les termes « animal », « belle-sœur », « blond », « croustillant » « souffle », « fait-maison », « jupe »… Certains sont plus équivoques : « pic », qui signifie « bâtard » en turc. Comme c’est aussi l’abréviation pour « picture » (« image » en anglais), ce filtrage empêcherait les Turcs d’avoir accès, par exemple, aux sites diffusant des images d’actualités.

Autre retombée de cette mesure, Bianet cite l’exemple de donanimalemi.com qui, contenant le terme « animal » pourrait devenir inaccessible alors que le nom du site signifie en turc « quincaillerie.com ». Des milliers de sites pourraient être concernés, tels que des supermarchés en ligne, des sites de fans de football ou encore des sites promotionnels d’entreprises.

« Alors que le pays bloque déjà des milliers de sites qui abordent des sujets jugés sensibles, les conséquences d’un tel filtrage pourraient être désastreuses pour la liberté d’expression des internautes en Turquie. Les autorités doivent renoncer à ce projet et, au contraire, réformer la loi 5651 sur Internet qui rend possible cette censure abusive », a déclaré Reporters sans frontières.

Yaman Akdeniz, maître de conférences en droit à l’université de Bilgi d’Istanbul, s’est indigné de cette directive. Il a pris contact avec la Haute Instance des télécommunications pour connaître les critères retenus pour établir cette liste de mots interdits. Aucune réponse ne lui a été pour l’instant fournie.

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La rédaction