Le 24 février dernier, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) lançait une large consultation publique sur l’usage et le devenir du multiplex R5, le seul des six multiplex dédiés à la télévision numérique
terrestre (TNT) laissé libre par le gouvernement. Cette consultation, close le 31 mars, a retenu bien évidemment l’attention des acteurs traditionnels de la TNT, mais pas seulement. Les trois grands opérateurs de télécommunications
mobiles et les équipementiers télécoms y ont également répondu. Avec intérêt. Car les derniers développements technologiques, en termes de compression numérique notamment, permettent désormais la réception de programmes télévisés sur les terminaux
mobiles.En attendant la synthèse de la position des répondeurs et les conclusions qu’en tire le CSA, conclusions qui doivent être rendues publiques fin avril ou début mai, ce dossier, en filigrane, pose une nouvelle fois la question du
calendrier dévolu au lancement de la TNT.
50 à 80 programmes différents dans un seul canal hertzien
Les spécifications de la norme DVB-H (Digital Video Broadcast Handheld) et l’utilisation du format de compression Mpeg-4 AVC autoriseraient la diffusion, avec un débit net compris entre 128 kbit/s et
384 kbit/s, d’un bouquet de 50 à 80 programmes différents dans un seul canal hertzien de 8 MHz de bande passante. Cela dans le cas où l’intégralité de ce canal serait entièrement dédiée à la diffusion de chaînes
destinées aux mobiles.Le CSA doit donc aujourd’hui prendre en considération plusieurs questions : celle concernant la réservation de ressources pour la diffusion en norme DVB-H, norme adaptée à une réception sur petit écran avec une autonomie en
énergie limitée, celle liée aux choix des fréquences qui doivent être attribuées à cet usage ou encore celle de savoir si les opérateurs de télécommunications sont prêts à lancer des services différents, destinés à des usagers mobiles de la
télévision, disposant d’une voie de retour et, donc, de l’interactivité. In fine, c’est tout un ensemble de modifications qui devraient être apportées au multiplex R5.Si SFR et Bouygues Telecom n’ont pas daigné faire de commentaires sur l’opportunité qui leur est offerte, chez Orange, on avoue s’intéresser à la question : ‘ Orange a répondu à cette
consultation plutôt de manière favorable. Nous n’avons pas encore commencé à étudier précisément les conditions de notre implication. Mais nous nous intéressons à cette technologie et nous allons d’ailleurs travailler avec Nokia sur
plusieurs expérimentations. Une telle perspective serait totalement complémentaire à l’offre de services que nous allons proposer dans le cadre de la troisième génération téléphonie mobile [UMTS, NDLR] ‘, note-t-on à la
direction de France Télécom.Chez les équipementiers, Thomson a clairement communiqué sa position. En toute logique (industrielle), le groupe se fait l’avocat d’une norme de compression Mpeg-4, la norme de compression antérieure Mpeg-2 étant parvenue
à un plafond technologique. Dans son communiqué de presse consacré aux résultats du premier trimestre 2004, Thomson rappelle qu’il a ‘ lancé plusieurs initiatives pour promouvoir le format de compression Mpeg-4 AVC, avec la
mise sur le marché de différents équipements de diffusion professionnelle adoptant ce standard ‘. L’ensemble de ces équipements devrait être sur le marché dès la mi-2005.L’autre fervent défenseur de la norme Mpeg-4 AVC est Patrick Le Lay. Le président de TF1 n’a jamais caché ses critiques à l’égard de la TNT version Mpeg-2 même si, aujourd’hui, il a les yeux de Chimène pour
une TNT version Mpeg-4 AVC qui puisse lui permettre d’émettre en haute définition.
Rien n’est figé
Car, au-delà du sujet intéressant la diffusion de programmes télévisés à destination des mobiles s’en profile un autre, lié au calendrier de la TNT. Son lancement, prévu entre décembre 2004 et mars 2005, doit se faire avec la
technologie Mpeg-2, aujourd’hui âgée de dix ans. Selon nos informations, ce calendrier pourrait toutefois évoluer en fonction des dernières évolutions technologiques.Les déclarations, d’ailleurs, se multiplient pour que ce lancement soit décalé de six mois afin de permettre l’adoption de la norme Mpeg-4 AVC et de multiplier ainsi par deux ou trois les possibilités de transmission (en
nombre de programmes ou en qualité). Pour l’heure toutefois, et malgré la pression de TF1, les tenants d’un report du lancement de la TNT en l’état ne sont pas forcément majoritaires. Les éditeurs, les antennistes ou les TV
locales figurent parmi les plus virulents pour estimer qu’il ne faut pas prendre de retard sur ce dossier.Le CSA rappelle quant à lui que la TNT et la haute définition ne sont pas antinomiques, ces deux notions étant appelées à fusionner un jour ou l’autre. Il note également que les opérateurs les plus pressés peuvent toujours avoir
recours au satellite puisque ce recours ne demande aucune modification, ni de textes réglementaires, ni de normes techniques.
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