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La téléphonie sans France Télécom doit faire ses preuves

Free et neuf telecom s’apprêtent à lancer des offres comprenant l’ADSL, le téléphone et l’abonnement. Des associations d’utilisateurs vont suivre de près ce phénomène qui remodèle le visage des télécoms françaises.

Il y a deux mois encore, personne ne parlait du dégroupage total en France, sauf sur le marché des entreprises. Aujourd’hui, ce procédé qui permet à un opérateur alternatif de gérer la totalité des services de la ligne téléphonique
(ADSL ?” et services associés comme la télévision ?”, téléphonie et abonnement) est sur le devant de la scène. Pour les clients, son gros avantage est l’économie de l’abonnement à France Télécom, soit 13 euros par mois (lire
l’encadré ci-dessous).Dans quelques jours, neuf telecom et Free vont officiellement se lancer dans cette bataille. Ils vont donc
suivre Telecom Italia, et précéder Tiscali et Télé2, qui aborderont ce marché dans les mois prochains. En coupant le cordon avec France Télécom, chaque opérateur s’affiche comme le
seul prestataire vis-à-vis de ses clients. ‘ Nous serons l’unique contact, et nous avons renforcé dans ce sens nos équipes de services clients ‘, confirme Michaël Boukobza, directeur général
adjoint de Free.Cette rupture avec l’opérateur historique soulève toutefois un certain nombre de questions. Au premier rang desquelles le problème de la maintenance de la ligne téléphonique.
‘ Concernant les problèmes physiques
qui peuvent avoir lieu sur une ligne, France Télécom est soumis à des obligations du fait de la convention que nous signons avec lui ‘,
précise Michaël Boukobza. L’opérateur historique reste en effet propriétaire et
prestataire technique du réseau téléphonique qu’il loue à ses concurrents.

La question des délais se pose

Autre point sensible pour les opérateurs, leur capacité à répondre à la demande et à activer rapidement les lignes de leurs clients. Les internautes ont déjà été échaudés par des délais d’attente parfois importants lors de l’ouverture
de leur ligne ADSL, dans le cadre du dégroupage partiel. Si ces problèmes semblent aujourd’hui surmontés, ils risquent de se poser à nouveau pour le dégroupage total. Chez Free, on se montre prudent. Selon Michaël Boukobza, ‘ tous les détails ne sont pas réglés. France Télécom demande qu’on lui envoie un mandat papier, ce qui ralentit le procédé par rapport
au dégroupage partiel, qui est constitué d’échanges électroniques. ‘
Du côté de neuf telecom, qui ouvrira les inscriptions le 15 juin prochain, on reconnaît qu’il s’agit de ‘ roder les processus avec France Télécom. Cela risque d’être un peu long… Le dégroupage partiel,
qui a atteint des délais raisonnables, a laissé des marques ‘,
explique une porte-parole.Bernard Dupré, délégué général de l’Afutt (Association française des utilisateurs de télécommunications), évoque également un ‘ processus avec France Télécom qui demande à être clarifié. Les opérateurs vont devoir
constituer des listes d’attente. ‘
Free pense que le dégroupage pourra être effectif une semaine après la demande, que le client bénéficie déjà du dégroupage partiel ou non, alors que neuf telecom évoque plutôt trois semaines. Des délais plutôt optimistes.

Les clients pourront conserver leur numéro actuel

Les opérateurs devront également faire leurs preuves sur le terrain des services de téléphonie, notamment par rapport à ceux proposés aujourd’hui par France Télécom (présentation du numéro, bip d’appel, etc.). Free estime aller déjà
loin avec la messagerie unifiée, le répondeur, la conférence à trois, le filtrage des appels… Et ce, sans coût supplémentaire.La portabilité du numéro fixe fait aussi partie de la palette de services proposés. Autrement dit, les clients pourront demander à conserver leur numéro de téléphone actuel. Mais l’opération sera parfois payante, comme avec Free. neuf
telecom proposera la portabilité en septembre, sans plus de précision sur son prix.Bernard Dupré signale que l’Afutt sera vigilante sur les politiques tarifaires. ‘ Les opérateurs réaliseront peu de revenus sur la téléphonie même, ils chercheront donc forcément à compenser avec les coûts des
appels vers les services clients, ou les appels hors forfait
[vers les mobiles, numéros spéciaux…, NDLR]. ‘L’Afutt se dit par ailleurs étonnée de constater la rapidité avec laquelle le marché français évolue. ‘ Nous pensions que les opérateurs allaient plutôt se focaliser sur la revente de l’abonnement,
confie Bernard Dupré. Il y a une accélération ces derniers temps, tout le monde est un peu pris de court. De plus, le grand public ne comprend pas facilement ce genre d’offres. Nous allons essayer de dresser une liste des
questions à se poser avant de basculer sur du dégroupage total. ‘

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Guillaume Deleurence