Avec la création imminente d’une filiale commune baptisée Senside, Schneider Electric et France Telecom se lancent dans la prospection d’un marché jugé très porteur, le Remote Monitoring & Diagnostic, c’est-à-dire la surveillance et le diagnostic à distance pour machines-outils. “Nous avons l’ambition de faire émerger un standard mondial dans ce domaine”, explique Éric Le Guern, futur PDG de l’entreprise. Avec quels moyens ? “Les investissements se compteront en millions d’euros, déclare Le Guern, qui reste vague, et le point mort devrait être atteint après une période de 18 à 24 mois d’activité.” Du côté de France Telecom, on temporise : “Les négociations sont en cours.”“L’industrie est en ébullition, elle attend un produit comme le nôtre”, assure Éric Le Guern. La nouveauté ? Elle se résumerait au fait que, grâce aux technologies de l’information et de la communication, les constructeurs de machines resteraient en contact permanent ?” et à des coûts de connexion très limités ?” avec leurs machines disséminées aux quatre coins du monde, alors qu’actuellement, la plupart des contrats de télémaintenance nécessitent une connexion ponctuelle, et éventuellement récurrente, de la part du propriétaire de machine.
Éviter les pannes
La solution logicielle imaginée par Senside n’a pas vocation à être utilisée à des fins de pilotage à distance. Elle doit, en revanche, permettre aux fabricants de machines-outils de surveiller en permanence une série d’indicateurs sur l’état et la performance des machines (taux de rendement, de disponibilité, de pannes…). Objectif : anticiper les éventuelles dérives dans la production industrielle et, finalement, éviter les défaillances. Car une panne prive forcément l’industriel de revenus pendant une certaine période. Selon les chiffres de Schneider Electric, le seul coût de la maintenance des machines dans le monde industriel s’élèverait à 100 milliards de dollars (112,15 milliards d’euros) par an.Du reste, l’offre de services faite par Senside reflète une tendance lourde au sein de l’industrie, mise en perspective par Éric Pilaud, directeur général stratégie et développements marchés de Schneider Electric : “Nos clients finaux cherchent des partenaires avec qui partager les risques en leur transférant une partie de la responsabilité de la productivité.” Une évolution parfaitement résumée dans le concept “d’entreprise sans usine” popularisé, il y a quelques mois, par Serge Tchuruk, le patron d’Alcatel. En l’occurrence, il s’agit surtout de transférer des coûts vers d’autres producteurs… Et, dans le marché visé par Senside, les partenaires les plus évidents pour accueillir cet “héritage” seraient les constructeurs de machines eux-mêmes. Étrange retournement de tendance : le constructeur de machines-outils se substitue peu à peu à ses clients pour faire tourner les appareils quil vient de lui vendre.
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