En levant, en partie, le voile sur les expérimentations qu’ils mènent en province, les opérateurs Skyline et Completel donnent enfin une idée des services et des tarifs que les entreprises peuvent attendre des technologies radio appliquées à la boucle locale. Vingt-huit opérateurs entament, en effet, la dernière ligne droite : les premières licences de boucle locale radio (BLR) seront délivrées courant juillet. La technologie radio a de quoi séduire. Elle consiste à établir une liaison par faisceaux hertziens entre le site de l’entreprise et le réseau de l’opérateur. Finis donc la fibre optique et le câble cuivre de France Télécom et, surtout, les longs et coûteux travaux de génie civil nécessaires à leur pose. Plus souple, la BLR se déploie quasiment à la demande de la clientèle. De plus, contrairement au dégroupage, ce déploiement est totalement indépendant de l’opérateur national.
Des expérimentations encore timides
La période d’expérimentation déclenchée par l’ART est en cours. Ainsi, Completel teste cette technologie à Marseille (13), sur la bande de fréquence de 3,5 GHz. La petite société de production audiovisuelle Film Avenir figure parmi ses cinq clients. Située en périphérie de la cité phocéenne, dans une zone non câblée, elle ne pouvait accéder à Internet en haut débit. Elle souhaite cependant augmenter sa bande passante pour diffuser des extraits de ses productions sur son futur site web. La BLR est donc une aubaine. “Un raccordement haut débit chez France Télécom nous coûterait au moins 70 000 F [10 671 ?], sans parler de l’abonnement, explique Manuel Soler, fondateur de Film Avenir. La BLR est une alternative idéale, qui nécessite très peu d’équipements : une antenne, un boîtier de terminaison et une carte T2 pour le PABX suffisent.” Voix et données sont transmises vers une station de base, distante de 6 km. En cas de coupure, le PABX routera automatiquement les transmissions sur la ligne Numéris de la société. L’accès Internet par BLR à 2 Mbit/s proposé par Completel sera facturé 29 000 F ht (4 421 ?) par mois à sa commercialisation. Les communications locales seront, quant à elles, proposées au prix compétitif de 0,20 F ht la minute (sans crédit temps). L’opérateur, qui a postulé pour 18 licences régionales, cible une clientèle de PME. Il met en avant sa structure régionalisée et son expérience en matière de boucle locale. “La BLR viendra compléter notre offre de boucle locale en fibre optique, déjà déployée à Marseille et à Nice (06), sur les zones d’activité de faible densité “, précise Guy Gensollen, directeur régional de Completel.
Skyline prétend, en revanche, à une licence nationale. Cet opérateur, qui fait ses premiers pas avec la BLR, a expérimenté sa technologie à Antibes (06) et à Yssingeaux (43) avec des technologies radio de 3,5 GHz, et à Saint-Jean (31) avec du 26 GHz. Sa politique tarifaire se veut agressive, qu’elle s’adresse aux particuliers ou aux entreprises.
Une économie annoncée de 46% par rapport à France Télécom
Pour 100 F ht par mois, il proposera 2 lignes téléphoniques, une connexion Internet permanente à 128 kbit/s et une adresse IP fixe. “Nous offrirons une économie d’environ 46 % par rapport à France Télécom, réalisée sur les abonnements et les communications locales “, s’engage Jean-Pierre Machart, directeur exécutif de Skyline. La gratuité des communications locales entre abonnés est même envisagée. Pour la téléphonie longue distance, l’opérateur routera les appels de ses clients vers l’opérateur le moins cher. En ce qui concerne les entreprises, la liaison Internet à 2 Mbit/s sera facturée environ 15 000 F ht par mois. Les boîtiers de connexion offrent un débit total de 7,8 Mbit/s. L’opérateur s’engage à ouvrir ses services en moins de 20 jours après réception de la demande, en prenant à sa charge le matériel et son installation. Il envisage de gagner 8 % du trafic dans les zones où il sera présent.
Aux côtés de Skyline et Completel, de nombreux opérateurs ont répondu à l’appel de candidatures lancé dernièrement par l’ART. Une bonne nouvelle pour les entreprises, qui peuvent enfin espérer échapper au monopole de l’opérateur historique sur la boucle locale.La technologie radio jouera sûrement un rôle important dans l’ouverture de la boucle locale à la concurrence. Sa simplicité de mise en ?”uvre est son meilleur atout face au dégroupage. Cependant, il est prudent d’attendre un déploiement à grande échelle pour mesurer sa réelle efficacité. L’arrivée de l’UMTS (successeur haut débit du GSM) pourrait, à moyen terme, lui faire de l’ombre.
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