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La tech européenne se plaint des sanctions américaines contre la Chine qui lui nuisent aussi

Les mesures contre l’industrie chinoise mises en place par l’administration de Donald Trump ont des répercussions négatives sur les acteurs européens. L’enjeu est de survivre au milieu des deux géants.

Comme le révélait récemment le Financial Times, les sanctions contre l’industrie chinoise pénalisent aussi, par ricochet, la tech européenne. Au final elles favorisent les entreprises américaines, et coupent les autres acteurs de l’industrie chinoise. Opérationnels comme diplomates, ils montent tous au créneau pour dénoncer cette politique jugée protectionniste et néfaste au commerce européen. 

« America First », où est l’Europe ? 

Depuis deux ans, les États-Unis ont imposé de féroces sanctions aux sociétés chinoises, comme Huawei. Le motif ? L’espionnage et le vol de technologies brevetées par l’industrie américaine. C’est la traduction du slogan trumpien « America First ». Mais pour faire face à la réalité, progressivement, des exceptions ont été accordées à certains acteurs américains.
Or, ces décisions coupent également d’autres pays (l’Europe) de l’industrie chinoise. « Jusqu’ici, les entreprises américaines ont eu la permission de fournir Huawei, les européennes non », a expliqué au Financial Times un dignitaire européen, qui a souhaité rester anonyme. 

De nombreux acteurs de la tech européenne sont affectés indirectement par les sanctions américaines contre la Chine. Un autre témoin raconte, toujours dans les colonnes du quotidien américain, qu’une entreprise européenne a dû arrêter d’envoyer certains composants en Chine, par peur qu’ils ne servent à du matériel militaire. Peu de temps après, c’était finalement une entreprise américaine qui avait pris sa place. Conséquence : la tech européenne en pâtit massivement. 

Objectif : ne pas être broyée

En septembre, dans une interview publiée par CNBC, un fabricant de puces allemand, Infineon, avait dit que les tensions entre la Chine et les États-Unis représentaient une « grosse inquiétude ».  Il avait affirmé : « L’Europe doit faire attention à ne pas être broyée dans la compétition sino-américaine pour le leadership mondial dans la tech. » 

La société allemande ASML, par exemple, n’a pas pu vendre ses produits au leader chinois SMIC. Alors que le Financial Times rapporte que certaines sociétés américaines, sud-coréennes (Samsung) ou japonaises (Sony) ont réussi à obtenir des passe-droits pour commercer avec Huawei. 

145 milliards d’euros pour survivre

Au début de décembre 2020, la Commission européenne a annoncé une « nouvelle initiative européenne pour les technologies de processeurs et de semi-conducteurs » avec une enveloppe de 145 milliards d’euros. L’objectif est d’investir dans ce secteur stratégique pour peser sur la scène internationale.

« Cette déflation montre que les gouvernements européens veulent être moins dépendants des technologies américaines, même si cela va prendre du temps », a déclaré un diplomate européen, basé en Chine, au Financial Times.
« Cette volonté a été accélérée par les sanctions américaines. Pour les entreprises européennes, la Chine est un si gros marché qu’ils doivent regarder de tous les côtés pour l’approvisionner. » 

Une troisième voix ? 

L’Europe ne veut pas à avoir à choisir entre les États-Unis et la Chine. Elle veut tracer sa propre route et faire entendre une troisième voix. Toutes les récentes propositions de lois (DSA, DMA, etc.) ou autres projets industriels communautaire (Gaia-x, etc.) vont dans ce sens.
Mais un des défis futurs pour les Européens demeure : fabriquer des produits avec des composants américains et pouvoir les vendre sur le marché le plus grand du monde, la Chine. 

Source : Financial Times  

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Marion SIMON-RAINAUD