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La surveillance du littoral, un système d’information difficile à bâtir

Projet ardu à organiser, le renforcement de la protection des côtes françaises se met en place en s’appuyant sur les textes réglementaires européens.

Dans nombre de projets informatiques, la détermination et la mobilisation des énergies se révèlent plus importantes pour le succès que la technique ou le budget. Presque deux ans après le naufrage de l’Erika, le projet Trafic 2000 de la Direction des affaires maritimes et des gens de mer termine sa phase pilote ; elle aura duré un an. La deuxième étape prévoit son déploiement le long des côtes françaises et européennes jusqu’en 2006.“L’Erika a fait l’effet d’un électrochoc, constate Claude Le Roux, adjoint au chef du bureau de sauvetage et de la circulation maritime. Nous avons pu trouver un soutien législatif auprès de la Commission européenne. Auparavant, certains projets avaient sombré faute de réglementation adaptée.” Il précise l’objectif de Trafic 2000 : contrôler la navigation des bâtiments transportant des substances dangereuses le long du littoral. Et cela, dans le but d’organiser les secours en toute connaissance de cause en cas d’avarie, d’incendie ou d’accident.

Croiser des données devenues légalement obligatoires

Pour atteindre cet objectif, les postes de contrôle de navigation doivent posséder des informations sur les bâtiments qui arrivent sur leurs écrans radars. En 2000, la Commission européenne émet une directive obligeant les navires à se signaler dans les couloirs de navigation avec leur numéro d’immatriculation attribué par l’Organisation maritime internationale. En parallèle, depuis 1994, une directive européenne impose à chaque navire de transmettre, avant l’arrivée au port, l’inventaire de sa cargaison dangereuse. Ce manifeste, liste détaillée, est faxé par le bâtiment aux autorités portuaires. Il devient donc enfin possible de croiser ces informations. “Pour déployer le projet pilote, nous avons fait appel au volontariat, explique Claude Le Roux. Et le port autonome du Havre a accepté de transmettre ses bases de données au centre de surveillance de Jobourg.” Les informations du Havre, communiquées par messagerie FTP, sont ensuite traitées par le serveur de Jobourg, qui les relaye aux centres de Ouessant et du cap Gris-Nez.Les différents postes surveillent donc désormais non seulement le trafic, mais aussi sa nature. Ils juxtaposent au signal radar le nom du navire, son pavillon, la nature de sa cargaison et son port d’arrivée. Reste maintenant à industrialiser et à étendre le projet. Un prochain appel d’offres concernera l’extension de la base de données aux autres ports et l’élargissement de la couverture radar dans le cadre du VTS(1) multinational. “La difficulté de ce type de projet consiste à fédérer les acteurs et à connaître leurs contraintes pour pouvoir expérimenter, tout en gardant un ?”il sur la législation”, confie Claude Le Roux. D’ici à cinq ans, tous les navires émettront automatiquement leur numéro d’identification. Mais seule la coopération internationale évitera que des bâtiments douteux ne prennent la mer.(1) VTS : Vessel Traffic System, ou surveillance du trafic maritime.

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Simone Wapler