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La Surface Pro 3 est-elle l’ordinateur portable idéal ?

Avec Surface Pro 3, Microsoft revoit et corrige son concept de PC convertible en tablette, qui est loin d’avoir séduit les foules pour le moment. Sera-ce suffisant pour en faire l’ordinateur ultime, comme le prétend Redmond ? On fait le point sur ses forces… et ses faiblesses.

Nous avons créé Surface en rêvant à l’impossible : peut-on fabriquer un appareil qui prend le meilleur de la tablette et de l’ordinateur portable et qui permet à n’importe quel individu de lire, mais aussi de créer et d’écrire ? Qui vous permet de regarder un film, mais aussi de faire un film ? » Satya Nadella, le nouveau patron de Microsoft, a entamé la conférence de présentation de la Surface Pro 3 en rappelant quels étaient les objectifs de son entreprise sur le hardware : faire de cette tablette le PC portable ultime, et l’écrin idéal pour Windows 8. Bref, concevoir « la tablette qui peut remplacer votre ordinateur » comme l’indique fièrement le magasin en ligne de Microsoft.

Mais est-ce vraiment le cas ? Nous avons cherché à savoir si ce nouvel appareil pouvait prétendre au titre du laptop idéal, comme la firme le prétend. En attendant un test complet, nous avons analysé ce que Microsoft avait amélioré dans Surface Pro 3 par rapport aux anciennes versions de l’engin, peu convaincantes, et l’avons comparé aussi à la marge au Macbook Air, le portable hype d’en face, auquel Redmond n’a cessé de faire référence durant sa conférence de presse.

L’écran : ouf, on passe au 3:2

Avec Surface 3, Microsoft corrige un problème majeur des anciennes versions : l’écran. Qui passe non seulement de 10 à 12 pouces… mais qui change surtout de ratio. Fini, le 16:9 des modèles précédents, certes pratique pour regarder des films, mais gênant au quotidien quand il s’agit de travailler sur Excel ou même surfer sur le Web. On s’y sent vite étriqué, pas à l’aise. Le ratio 3:2 adopté sur Surface 3, bien plus pratique pour une utilisation desktop, est une excellente nouvelle, mais ce n’est pas la seule : Microsoft a largement augmenté la définition de l’écran. Et ses 2160 x 1440 pixels explosent par exemple celle du Macbook Air (1440 x 900), ce qui confère selon Microsoft à Surface Pro 3 près de 6% de surface d’affichage de plus que le Macbook Air 13 pouces, pourtant plus encombrant.

Le cœur de la machine : la fin salutaire de la version RT / ARM

Surface RT ne semble plus d’actualité. Au cœur de cette nouvelle version, on trouve un processeur Intel (Core i3, i5 voire i7 selon les versions et… le prix), de quoi faire tourner mêmes les applis les plus velues. Mais surtout, Microsoft n’a pas présenté de Surface Pro 3 tournant avec un processeur ARM. Et c’est heureux. Car on se rappelle encore de la confusion gigantesque qui avait suivi la présentation de la première tablette Surface sous ARM et donc Windows RT, ce Windows 8 bridé, incapable de faire tourner les applis traditionnelles.

Désormais, Microsoft l’assume : Surface est avant tout un PC performant, plus puissant que ses concurrents directs comme le Macbook Air… et autrement plus péchu aussi que les innombrables ordis sous Windows 8 à claviers détachables, moins chers mais qui ne bénéficient généralement que d’une configuration au rabais et d’un processeur Atom, bien moins puissant.

Le confort d’utilisation en mode PC : un vrai bond en avant

Panos Panay, vice-président chez Microsoft -et créateur du concept Surface- a passé une bonne partie de sa présentation à expliquer à la presse pourquoi son nouveau bébé était aussi pratique à utiliser en mode « desktop », avec clavier attaché, qu’un ordinateur traditionnel. Et on comprend son entêtement, car il faut bien dire que les précédentes tablettes Surface n’ont pas brillé de ce point de vue : l’angle de vision n’était pas optimal à cause de leur pied fixe, le clavier, qui manquait d’inclinaison une fois rattaché n’était pas très agréable et la machine manquait de stabilité, notamment lorsqu’on la posait sur ses genoux.

Avec Surface Pro 3, tous ces défauts sont –a priori- corrigés. Panay avance même qu’il est aussi confortable qu’un ordi classique. On demande à voir. En attendant, on ne peut qu’apprécier l’intégration du pied « multiposition » qui permet d’incliner l’écran à sa guise. Indispensable si Surface veut prétendre

à remplacer un PC portable. Deuxième innovation aussi subtile que capitale : le clavier Type Cover de Surface Pro 3 a été amélioré pour davantage de stabilité. Il dispose désormais d’une languette aimantée qui vient se fixer sur toute la tranche de la tablette. Résultat : les deux éléments sont bien plus solidaires qu’avant et le clavier est désormais légèrement penché.

Il est en tout cas dommage que Microsoft n’ait pas proposé d’emblée une version complète de sa Surface avec un clavier, que l’on doit toujours acheter en option et au prix fort : 130 euros ! C’est d’autant plus bizarre qu’on voit mal comment on peut se passer de cet accessoire.

Type Cover a donc été remanié : il est un peu plus fin et son trackpad est désormais plus grand, ce qui n’est pas du luxe tant l’utilisation de la précédente version était crispante. Nous verrons lors de nos tests si le retour de frappe, trop faible dans sa première version, a été amélioré.

Une trop grosse tablette ?

Reste que le confort que l’on gagne en utilisation traditionnelle, on pourrait bien le perdre en mode tablette. Car la taille et le poids de Surface Pro 3 nous laisse dubitatifs quant à sa praticité lorsqu’on veut regarder un film tranquillement dans son canapé, jouer à un jeu tactile ou lire un livre électronique. Surface 3 est certes très léger pour un PC  (800 grammes sans le clavier, 1,1 kg avec), mais c’est en revanche une tablette très lourde : si on la compare à un iPad Air, par exemple (469 grammes) elle fait même figure de monstre.  

Le mystère du nouveau stylet

Microsoft et les stylets, c’est une longue histoire : la firme proposait déjà cette fonction sur ses vieux Tablet PC du début des années 2000 ! Et il est depuis le début de Surface Pro un facteur différenciant pour la tablette de Redmond. Rebelote avec ce nouveau modèle, mais avec un changement qui pourrait avoir des conséquences : ce n’est plus Wacom qui fournit la techno de numérisation, mais son concurrent israélien n-Trig. Et l’adoption de la solution de n-Trig fait débat sur le Web, où elle est considérée comme inférieure à celle de Wacom, notamment parce qu’elle ne prend en compte que 256 niveaux de pression sur le sylet, contre 1024 pour le modèle d’avant. Ce qui pourrait faire fuir dessinateurs et graphistes qui avaient été séduits par les anciennes Surface Pro. Mais qui n’aura aucun impact sur la simple prise de note, par contre. Vivement le test !

Le manque d’applis tactiles, une épine dans le pied de Surface

Considéré comme un PC, Surface Pro 3 a l’une des plus grandes logithèques du monde, celle de Windows. Mais en mode tablette, elle souffre toujours d’un souci plombant : le manque cruel d’applis de nouvelle génération, adaptées à une utilisation tactile.

Il y a cependant de l’espoir. Lors de la présentation de la tablette, Microsoft a annoncé un partenariat d’ampleur avec Adobe, qui va commercialiser une version spécifique de son fameux Photoshop pour la Surface Pro 3, utilisable avec le stylet. Un bon début… mais loin d’être suffisant. On se demande par exemple pourquoi Microsoft n’a pas profité du lancement de Surface Pro 3 pour annoncer une version spécifique d’Office optimisée pour le tactile. Version qui existe pourtant désormais sur iOS. 

Un problème de positionnement non réglé

Avec une gamme de prix allant de 799 euros (Core i3, 64 Go de stockage, 4 Go de RAM) à 1949 euros (Core i7, 512 Go, 8 Go de RAM), Surface Pro 3 tente de combler tous les portefeuilles. Microsoft a d’ailleurs fait des efforts de ce point de vue, en baissant le ticket d’entrée de presque 100 euros (Surface Pro 2 coûtait au moins 880 euros au lancement). A 799 euros, Surface est moins onéreuse que l’entrée de gamme Macbook Air (899 euros pour le modèle 11 pouces, Core i5, 128 Go). 

Mais il y a un hic, et un gros : pour en faire un « vrai » ordinateur portable, il vous faudra acquérir obligatoirement le clavier Type Cover, à 130 euros. Ce qui fait tout de même grimper sérieusement la facture. Et pose un problème de positionnement à cette machine protéiforme. Alors que Microsoft n’a cessé de vanter les qualités de Surface Pro 3 en matière de productivité, n’a cessé de la montrer avec son (indispensable) clavier lors de sa présentation, elle est pourtant commercialisée sous forme de tablette… l’une des plus chères du marché.

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Eric LB