Deux ans après son lancement en fanfare sous le double parrainage de Softbank, conglomérat japonais de l’internet, et de la National Association of Securities Dealers, qui régule la Bourse électronique américaine Nasdaq, le Nasdaq Japan vit ses derniers jours.Le Nasdaq Stock Market a en effet décidé à la mi-août de se retirer du Japon. Destiné d’abord aux valeurs de la nouvelle économie, le Nasdaq Japan a attiré 98 sociétés, qui, au 26 août, enregistrent une capitalisation boursière de 1 282 milliards de yens (14,9 milliards d’euros). Si nombre d’entre elles sont liées au monde des nouvelles technologies, comme Double Click Japan, Gaga Communications, Etrade Japan, Digital Adventure, d’autres opèrent dans le secteur des services, comme Starbucks Japan (chaîne de cafés) ou Pasona, la plus grande agence japonaise de travail temporaire.
Les malheurs de Softbank
Toutes devront dire adieu à la possibilité de cotation vingt-quatre heures sur vingt-quatre que le Nasdaq Japan leur avait fait miroiter. Ce marché devait permettre de poursuivre des transactions entre le Japon, les États-Unis et l’Europe, quelle que soit l’heure. Mais la Bourse d’Osaka n’a pas réussi à implanter le système adéquat pour de telles transactions au niveau mondial. Surtout, la morosité de la conjoncture boursière, alliée à la rude concurrence que se livrent les différents marchés locaux, n’a pas permis au nouveau venu de s’imposer. La société a accumulé 5,3 milliards de yens de pertes à la fin 2001.Devant la débâcle, Masayoshi Son cherche à sauver ce qu’il a fondé. “L’esprit du Nasdaq Japan continuera à vivre”, dit-il. Le patron de la Softbank a tenté de se rapprocher du Jasdaq, opéré par la Japan Securities Dealers Association, mais en vain. Plusieurs observateurs supposent que Son s’est lancé dans le Nasdaq Japan pour aider les entreprises de son groupe, telles Softbank Finance Corp ou Softbank Investment Corp, qui investissent dans les start-up, les mettent sur le marché et enregistrent des bénéfices potentiels (paper profits). Ainsi, pas moins de sept start-up du conglomérat sont listées sur le Nasdaq Japan. Parmi celles-ci, Softbank Frontier Securities, Softbank Investment Corporation, ou Club IT Corp, spécialisé dans les services de communications à large bande. Softbank, le magnat de l’internet, perd donc, par cet arrêt, quelque 1,2 milliard de yens, investis dans la coentreprise. Une goutte d’eau au regard de la chute de sa capitalisation boursière, divisée par dix depuis son plus haut.Quel est à présent l’avenir des valeurs technologiques de ce marché ? Nasdaq Japan est détenue à 43 % par Softbank et à 43 % par le Nasdaq Stock Market. Il opère le marché des valeurs de croissance grâce à un contrat de coopération technique, passé avec la Bourse d’Osaka. Osaka Securities Exchange, qui poursuit jusqu’au 15 octobre les transactions, a l’intention de continuer le marché pour les sociétés émergentes, mais sous une autre appellation, telle Japan New Market.
Rester fidèle à Osaka ?
Que feront les entreprises cotées sur le Nasdaq Japan ? Resteront-elles à Osaka ou partiront-elles sur un des autres marchés ? Sur le Premier ou le Deuxième Marché de la Bourse de Tokyo, ou encore sur le Jasdaq, ou même sur le Mothers, le marché destiné aux start-up de la Bourse de Tokyo, qui a attiré moins d’une quarantaine d’entreprises.Selon un sondage réalisé par le quotidien Nihon Keizai Shimbum, plus de la moitié d’entre elles (54 sur 84) pourraient rester sur le marché d’Osaka, même après le changement de nom. Elles sont 21 à espérer se faire coter sur d’autres marchés.Pour le groupe Nasdaq, la démarche sonne ?” au moins provisoirement ?” la fin de son rêve de Bourse mondiale en continu. Et, si John Hilley, directeur général de Nasdaq International, a tenu à confirmer le maintien de la société américaine en Europe, les ambitions de création d’un marché continental sont, là aussi, mises en réserve.
Une sévère sanction
Modèle dans les années soixante-dix, moteur des économies occidentales il y a 20 ans, le Japon souffre depuis 12 ans de la “reflation”, qui mêle la récession et la chute des prix. Depuis l’effondrement de l’immobilier dans les années quatre-vingt-dix, consommateurs et investisseurs sont inhibés. Les régulateurs n’ont plus de prise sur le tissu économique. Les agences de notation ont sanctionné la chute du Nikkei et relégué le Japon au niveau de la Hongrie.* à Tokyo
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