“ Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous ! ”. Une phrase-culte des séries policières des années 60, mais toujours singulièrement d’actualité, vous en conviendrez. En effet, lequel d’entre nous n’a jamais, lors d’un pot bien arrosé entre collègues ou d’un dîner avec des amis, échangé des blagues d’un goût parfois plus que douteux, mettant en jeu des blondes, des Noirs, des Arabes, des Auvergnats, des habitants du 78, du “ neuf-trois ”, ou tout autre groupe, race ou ethnie ? Pour peu qu’un petit malin, dans l’assistance, vous filme avec son mobile et expédie la vidéo sur YouTube ou Facebook, vous voilà illico taxé de racisme ou d’intolérance. Or, le mot malheureux, la phrase assassine qui vous vaut tant de déboires, qui peut même vous faire exclure d’une offre d’emploi, a sans doute été proférée dans une ambiance particulière, entre amis, en d’autres termes, dans une sphère privée qui n’avait aucunement vocation à être mise sur la place publique. Et ce mot de trop, sorti de son contexte, ne veut plus rien dire. Le mal est d’autant plus grand que, une fois sur le Net, la vidéo qui vous montre sous un jour peu flatteur est visible de tous et, surtout inamovible, alors qu’une actrice qui se fait photographier contre son gré dans un magazine people peut attaquer ce dernier et en tirer de substantiels dommages et intérêts. Ce genre de dérive est dangereux. Car n’importe qui, en présence d’un groupe, peut légitimement se sentir espionné et maintenir prudemment ses propos dans le “ politiquement correct ”. Les repas de mariage vont devenir bien moroses !
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