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La sous-traitance à l’étranger ne séduit pas les directeurs informatiques français

Une étude sur l’externalisation des projets informatiques, menée auprès de cent onze grandes entreprises françaises, met en relief leur prudence. Seule une entreprise sur trois est prête à faire appel à un prestataire étranger.

L’opinion des directions des systèmes d’information des cent onze entreprises interrogées, choisies parmi les mille premières sociétés françaises, reflète d’abord une certaine frilosité générale. Elle dévoile ensuite une diminution du recours à la sous-traitance des projets informatiques ?” un tiers d’entre eux environ dans deux ans, contre 57% aujourd’hui ?”, surtout lorsque le prestataire est d’origine étrangère. Les trois grandes tendances qui ressortent de cette étude ?” stabilité des investissements, faible niveau d’industrialisation et réticence vis-à-vis de l’externalisation offshore ?” traduisent une grande méfiance des dirigeants informatiques, qui se replient sur les valeurs de proximité : confiance accrue aux ressources internes ainsi qu’aux prestataires géographiquement proches, et réticences à externaliser les projets les plus stratégiques.

Repli sur le métier de base de l’entreprise

La première tendance mise en lumière par cette étude est la stagnation des investissements informatiques. Près de la moitié des DSI (45 %) considèrent que leurs dépenses n’évoluent pas, 31 % jugent qu’elles sont en progression et 23 % en diminution. Les plus prudents appartiennent aux entreprises du secteur industriel et du BTP (51 % d’entre eux estiment que les investissements informatiques sont stables). Difficile de ne pas percevoir une incidence de ce sentiment de stagnation dans la focalisation des directions informatiques sur le fonctionnement interne de leurs systèmes d’information : plus de la moitié de leur activité est consacrée à la maintenance (33 %) et à la redéfinition de l’architecture des systèmes d’information (20 %).Ce climat de repli s’exprime également par un recentrage de l’informatique sur le métier de base de l’entreprise. Lorsque les projets sont classés par ordre de priorité, les entreprises de services mettent l’accent sur les applications liées aux clients. 26 % d’entre elles placent la gestion de la relation client en numéro un, contre 19 % pour celles de l’industrie et du BTP. Les entreprises industrielles se focalisent sur les problématiques de production : 30 % des industriels jugent prioritaire l’implantation d’un progiciel intégré, contre 16 % pour les entreprises de services.

Des projets faiblement industrialisés

Les deux premières difficultés rencontrées dans la conduite de projets par les directions informatiques sont, à égalité, les cahiers de charges incomplets et la pénurie de ressources internes (ces deux réponses sont citées à 58 %). Viennent ensuite le déficit de compétences (41 %), le revirement stratégique de l’entreprise (37 %), la faiblesse du pilotage de projet (34 %), le non-respect du cahier des charges (26 %) et le départ de collaborateurs clés (23 %). Ce manque de contrôle de l’activité en amont traduit le faible niveau d’industrialisation des projets informatiques. Paradoxalement, les industriels semblent être ceux qui ont le plus de mal à industrialiser leurs projets informatiques (68% des cahiers des charges incomplets, contre seulement 48% pour les sociétés des secteurs du service et du commerce). Ces difficultés occasionnent, pour les trois quarts des responsables informatiques, le retard ou l’échec de certains projets. A cet égard, il est intéressant de noter que les budgets entrent peu en ligne de compte, que ce soit en tant que cause d’un mauvais pilotage (cité en tant que difficulté par seulement 4 % des dirigeants), que résultat de ce mauvais pilotage (les délais sont davantage impactés) ou que motif de sous-traitance (en neuvième position dans le classement des raisons évoquées par les DSI pour justifier le recours à l’offshore). Près de la moitié des entreprises interrogées (43 %) traitent la totalité de leur informatique en interne. Plus étonnant encore, le sondage met en relief une légère décroissance du nombre de projets externalisés.Les responsables interrogés pensent que, d’ici à deux ans, 60 % des projets seront réalisés en interne, 30 % seront externalisés en France et, seulement 7 % confiés à des prestataires étrangers. Habituées à la sous-traitance de production, les entreprises industrielles externalisent le plus, dans l’Hexagone ou à l’étranger : 45 % de leurs projets devraient être sous-traités d’ici à deux ans, dont 10 % hors des frontières. Les moins réticentes au travail offshore, sont ensuite les sociétés dont le chiffre d’affaires est inférieur à 300 millions d’euros (8 % de projets réalisés en externe à l’étranger, contre 6 % pour les plus grandes). Enfin, plus de 30 % d’entre elles pensent sous-traiter uniquement les projets les moins stratégiques et 21 % ne se prononcent pas.

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Andrée Muller