Délocaliser un service informatique voyageurs implique un certain nombre de contraintes et de risques spécifiques. Dès l’origine, en 1998, la SNCF en a fait un projet consensuel, dépassant largement le simple déménagement. Seuls ceux qui souhaitaient quitter Paris, où était initialement basée l’activité, ont rejoint le mouvement imposé par la Direction de l’aménagement du territoire à l’entreprise publique et choisi la destination de Nantes (voir encadré).“La spécificité de cette démarche tient dans les risques technologiques, puisque la vie de l’entreprise repose sur son système d’information”, indique Jean-Pierre Gilbert, responsable du projet de délocalisation de la division du service informatique voyageurs (DSIV). Gestion des ressources humaines, organisation, étude des outils, procédés et méthodes, tous les ingrédients sont marqués par la complexité. Sans compter le coût élevé de cette énorme tâche. “La déperdition de temps s’élève globalement à environ 25 %”, précise-t-il.
Deux ans pour réaliser lopération répartie en deux étapes
Principale difficulté ? “Pendant les travaux, le service continue.” Le secret de la réussite ? Une organisation de choc. “L’opération est menée en douceur”, poursuit le responsable du projet. A la disposition des directions opérationnelles qui s’occupent du transport des voyageurs, la DSIV ne peut se permettre de fermer. Déménagement de matériel, sauvegardes et travaux divers s’effectueront donc durant les week-ends, en un minimum de temps. Pour éviter l’effet big bang, la délocalisation se déroule également par étapes, réparties sur deux ans (voir encadré). Les employés de la SNCF se déplaçant avec leur famille, l’infrastructure d’accueil s’est révélée fondamentale : emplois pour les conjoints, écoles, logements, etc. L’Agence pour le progrès économique de l’agglomération nantaise déploie toutes ses antennes pour soutenir le mouvement et trouver des solutions concrètes.C’est surtout dans l’accomplissement même de sa mission que la DSIV rencontre des obstacles : chargée des études et des développements, elle organise son travail tout au long du processus. Il est, en effet, nécessaire, de poursuivre les projets en cours – certains à Paris, d’autres à Nantes. Comme seuls les volontaires sont délocalisés, environ deux tiers des effectifs du service, qui compte trois cent cinquante agents et cent cinquante ingénieurs sous-traitants, resteront à Paris. La gestion des compétences s’avère alors un casse-tête. Il s’agit non seulement de remplacer ceux qui ne veulent pas s’installer à Nantes, mais aussi de leur attribuer un nouveau poste au sein des chemins de fer. Et cela ne peut se faire avant qu’ils aient transféré leur savoir-faire à leurs remplaçants. Comme le confirme Jean-Pierre Gilbert : “Nos recrues suivent systématiquement un cycle probatoire à Paris, avec les anciennes équipes.” Heureusement pour l’entreprise publique, le recrutement se révèle beaucoup plus aisé à Nantes que dans la capitale.
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