On trouve peu de lectures aussi édifiantes, ces dernières semaines, que les gros titres du San Jose Mercury News. Le grand quotidien de la Silicon Valley (*) explique à ses lecteurs comment passer des vacances pour pas cher ?”” pas plus loin qu’un plein d’essence “?” leur offre d’être prévenus par courrier électronique de la prochaine coupure d’électricité, et enquête sur la profondeur de la déprime générale. Les cabinets des psychiatres de la région sont pris d’assaut. Des mariages se dissolvent. “D’un seul coup, ces gens qui se croyaient si intelligents n’ont plus l’impression de l’être autant que cela “, constate un médecin local.Est-ce bien le même journal qui détaillait, hier encore, les fortunes amassées sur le Nasdaq, racontait que les maisons à plus d’1 million de dollars (1,18 million d’euros) se payaient comptant par carte de crédit, et expliquait comment trouver sur internet la Porsche de ses rêves, forcément introuvable dans les garages du nord de la Californie ? Alors que l’économie américaine se trouve brutalement privée de croissance, aucune région n’est tombée d’aussi haut que la baie de San Francisco et la vallée encombrée du sud de la ville, devenue en quelques années la plus célèbre au monde. Si l’on en croit les dernières statistiques nationales, les choses ne sont pas près de s’arranger. Le ministère du Commerce vient de réviser à la baisse son estimation de la croissance à 1,3 % pour le premier trimestre de l’année 2001. C’est la première fois depuis 1995 que les chiffres de la croissance sont inférieurs à 2 % au cours de deux trimestres consécutifs.Tandis que l’investissement dans son ensemble continuait de progresser aux États-Unis, les dépenses dans la technologie et les logiciels régressaient de 2,6 %. Les commandes de biens durables pour le mois d’avril 2001 font apparaître une nouvelle chute des achats d’ordinateurs et d’équipements de communication. Les commandes de semi-conducteurs se sont effondrées de près de 32 %.John Chambers, le PDG de Cisco Systems, peine à convaincre quand il promet un retour à des taux de croissance de 30 à 50 % par an, après un trimestre qui s’est achevé par 2,7 milliards de dollars de pertes et l’annonce de 6 000 licenciements, sans compter l’annonce de la mise sur le marché de 75 000 mètres carrés de bureaux. La chute libre du cours des actions du spécialiste américain des équipements de réseaux, et le chemin identique suivi par la crédibilité de son patron, offrent un parfait symbole de la grandeur et de la décadence de la high-tech américaine. Effectivement, fin mai, Cisco pesait toujours 160 milliards de dollars sur le Nasdaq. Mais qui se souvient encore de la séance historique du 24 mars 2000, où sa capitalisation boursière, en frôlant les 580 milliards de dollars, allait devenir, lespace de quelques heures, la première au monde ?
(*) Voir les sites www.mercurycenter.com concernant les informations générales ou www.siliconvalley.com concernant la high-tech.
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