Bien que situé seulement à quelques dizaines de kilomètres de Paris, le département de Seine-et-Marne (77) s’est, comme beaucoup de ses homologues, trouvé confronté à un problème de fracture numérique, entre des villes bien couvertes en
haut-débit et des zones rurales condamnées au bas-débit. Une inégalité géographique qu’il vient de résoudre en ouvrant un cocktail de réseaux s’appuyant sur des technologies alternatives : Wi-Fi,
WiMAX, courant porteur en ligne, notamment.Dès 2004, le ‘ CG 77 ‘ (conseil général) a fixé comme absolue priorité la couverture de 79 communes, où moins de 70 % de la population a accès, au minimum, au moyen-débit, du fait de l’indisponibilité
de l’ADSL. Des appels d’offres ont été passés pour trouver des prestataires. Le département a équipé à ses frais les communes en question et subventionné les installations chez les particuliers qui en font la demande. Ces derniers ne doivent alors
payer que leur accès à Internet.A Aubepierre-Ozouer-Le-Repos, commune de 873 habitants, des antennes WiMAX ont été installées par Altitude Télécom (notamment sur un château d’eau…) pour arroser plusieurs kilomètres à la ronde. L’opérateur exploite le
réseau et vend des forfaits Internet (39 euros pour du 1 Mbit/s symétrique, par exemple). Le CG 77 finance les 600 euros que coûte l’installation chez chaque client. Lionel Perelli, propriétaire d’un élevage de chevaux, est ravi de
l’arrivée du WiMAX. ‘ Ma ligne ADSL marchait mal et aucune solution n’était possible, selon France Télécom. Il était quasi impossible de mettre à jour notre site, consulté par des acheteurs étrangers, avec des vidéos, par
exemple. Aujourd’hui, je fais ça quotidiennement. ‘
Un investissement de 60 millions d’euros
Dans la commune de Crisenoy (663 habitants), Jérôme Gwizdak, graphiste indépendant, est, lui, désormais raccordé grâce à la technologie Wi-Fi. ‘ Je n’avais pas de haut-débit ici, quand je me suis installé.
Pour envoyer de gros fichiers numériques, je devais les mettre sur une clé USB, puis aller chez un ami, qui avait l’ADSL. Aujourd’hui, je dispose d’un débit de 2 Mbit/s chez moi. ‘ C’est l’opérateur Territoires sans fil
qui commercialise les forfaits Internet (30 euros pour du 1 Mbit/s asymétrique et 45 euros pour du 2 Mbit/s). Cette société est spécialiste de la couverture des zones mal desservies et intervient déjà ailleurs dans l’Hexagone
(dans le Vercors par exemple).A Vert-Saint-Denis (7 677 habitants), le choix s’est porté sur les
courants porteurs en ligne (CPL), où Internet transite via les prises électriques. C’est Edev, la filiale d’EDF, qui a réalisé le déploiement de cette technologie dans les équipements
électriques de la ville, propriétaire du réseau. Aujourd’hui, 2 300 des 2 500 prises sont éligibles au CPL. Les premiers clients commencent à être raccordés et reçoivent leur modem spécial, lui aussi financé par le département
(environ 100 euros). C’est Territoires sans fil qui fait également office de FAI, avec des tarifs identiques à ceux proposé pour le Wi-Fi. ‘ Le conseil général a tout payé. Implanter une telle technologie n’était pas dans
nos possibilités financières, explique Gérard Bernheim, maire de la commune. Ici, la moitié de nos habitants n’avaient même pas le moyen-débit. Certains étaient au bord de l’hystérie, je recevais des mails assassins me demandant
ce que je faisais pour résoudre cette situation. ‘Avec une telle démarche, la Seine-et-Marne revendique avoir comblé aujourd’hui la plupart de ses zones blanches, même si, ici et là, demeurent des difficultés. Le département conseille même désormais certains de ses homologues, comme la
Haute-Garonne ou la Seine-Maritime. La prochaine étape, pour le conseil général, consiste en la réalisation d’une boucle optique à très haut débit, baptisée ‘ Sem@for 77 ‘. Toutes les communes se trouveront à moins de
15 kilomètres de ce réseau, ce qui permettra un raccordement rapide. Le but : attirer les fournisseurs d’accès qui boudent ce coin d’Ile-de-France et accentuer la concurrence.
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