Internet est saturé, les connexions à haut débit ne servent plus à rien, on attend de plus en plus longtemps l’hypothétique page web, inutile d’envisager la moindre vidéo ou un fichier de grosse taille… Rassurez-vous, il ne s’agit que d’un cauchemar. Cet état des lieux catastrophique n’est pas pour demain. Mais, face à l’augmentation des vitesses de transmission (les connexions à haut débit aidant) et à la croissance du nombre d’internautes, la situation devient préoccupante.Pour y faire face, les opérateurs ne restent pas inactifs. Ils améliorent les capacités de débits de leurs infrastructures, lesquelles favorisent une montée en charge de nouvelles applications et services (exemple : les ASP). Ce cercle vertueux n’aura de cesse de s’accélérer. En effet, le trafic IP double chaque année. Fin 1999, il est devenu supérieur au trafic voix pour la première fois. Sur le seul continent nord américain, le trafic de données a atteint 350 000 terabits contre 50 000 terabits pour le trafic voix, selon le cabinet Pioneer Consulting LLC. Et son rythme de croissance est 6 à 10 fois supérieur à celui de la voix. Pour les opérateurs, cela implique une mise à niveau de leurs équipements de routage et de commutation récurrente, afin d’augmenter les capacités de transmission. France Telecom a dû accroître ses débits disponibles sur son réseau principal (backbone) IP en France de 5 Gbit/s (gigabits par seconde) en 2000, à 18 Gbit/s aujourd’hui. Pionner Consulting LLC prévoit que les capacités de transmission aux Etats-Unis passeront de 0,33 Tbit/s (terabit par seconde) en 1999, à 17,92 Tbit/s en 2004, soit une croissance annuelle de 120 %.
De nouveaux services envisagés
Suivre cette croissance suppose pour les opérateurs d’installer des matériels dont les capacités de débits soient supérieures au terabit. Encore récemment, les capacités de débit des routeurs-commutateurs ne dépassaient pas le gigabit par seconde. Avici Systems, constructeur de routeurs haut débit, produit depuis l’année dernière un routeur, le TSR (Terabit Switch Routeur), qui atteint 5,6 Tbit/s de capacité dans sa configuration maximale. L’ensemble des constructeurs suit cette voie, qu’il s’agisse du leader Cisco, qui détient 70 % de parts de marché, de Juniper (challenger avec près d’un quart du marché), ou encore de Lucent Technologies, Nortel ou Pluris. ” Les architectures existantes des opérateurs sont basées sur des routeurs aux capacités figées “, affirme Michel Lavergne, directeur Europe du sud pour Avici Systems. ” On ne peut plus faire transiter de la voix sur ces architectures avec l’explosion du trafic IP “, précise t-il. De plus, l’amortissement d’une génération de ces routeurs est de l’ordre de 18 à 24 mois. ” Lors de la phase de mise en place de nouveaux équipements, les équipes techniques des opérateurs travaillent d’ores et déjà à la certification de la prochaine génération ! “, s’amuse Michel Lavergne. Le pari des équipementiers de nouvelle génération est de ramener l’amortissement à une période de 48 à 60 mois, semblable à celle des matériels déployés pour le trafic voix. Et ainsi de répondre à la problématique première des opérateurs : faire baisser les structures de coûts, proportionnelles au trafic, c’est-à-dire accroître les capacités des infrastructures sans accroître exponentiellement les investissements. La capacité de débit n’est pas le seul point fort de la technologie de ces routeurs évolutifs de nouvelle génération. Leurs fonctionnalités permettent aux opérateurs d’envisager de nouveaux types de services. Chez France Telecom Recherche & Développement, on travaille depuis début 1999 à cet internet de seconde génération, dans le cadre du réseau expérimental VTHD (Vraiment très haut débit), en collaboration avec l’Inria (Institut national de recherche en informatique et en automatique), le Groupement des écoles Télécoms, l’Institut Eurécom et TDF.Selon Frédéric Tran Kiem, chef de projet VTHD à France Telecom, des offres de qualité de service différenciées seront les premières concrétisations commerciales. ” Les mécanismes de provisionnement dynamiques représentent l’un des principaux atouts de l’internet de seconde génération “, souligne t-il. Ainsi, une entreprise pourrait, à l’avenir, adapter ses besoins de débits en fonction de ses priorités de services, et demander à son opérateur des débits plus élevés, dès lors qu’il s’agit par exemple d’un trafic concernant la gestion de commandes. Dans le même temps, la navigation web héritera de débits plus faibles.
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