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La sauvegarde, c’est tout un art

Après deux gros séismes dans mes données, j’ai fini par consacrer quelques minutes quotidiennes à la duplication de mon travail. Question d’hygiène et de santé mentale ? Oui, et de bon sens aussi.

Voici quelques jours, un client éditeur de son état me passe un coup de fil : “Dis, tu n’as pas conservé les sources du livre de Christian H. ? Tu sais…” Un ouvrage que j’avais mis en page en 1995 ! L’auteur ayant perdu son original, l’éditeur, sa copie des fichiers, il me restait à plonger dans mes archives. Horreur !Des copies des productions de mon équipe, j’en ai des tas, littéralement : ils prennent de la place et occupent du volume au bureau. Dire que tout est homogène et correctement sauvegardé, ce n’est vrai que depuis deux ans. Avant, c’était poétiquement géré dans l’urgence.Mes premières sauvegardes datent de 1984 : des disquettes 400 Ko simple face, des 800 Ko par la suite, suivies par des double face de 1,4 Mo. J’en ai des tiroirs entiers, des boîtes désormais couvertes de poussière. A l’intérieur, des disquettes aux étiquettes bien calligraphiées, en deux exemplaires, les suicides de floppy n’étant pas rares à l’époque.Après, j’ai succombé aux Bernoulli Box. Des quasi-disques durs d’une fiabilité fabuleuse, qui ne m’ont jamais lâché, contrairement aux Syquest en vigueur dans la PAO. J’en ai eu aussi, il fallait bien être compatible avec ses confrères et fournisseurs. Que celui qui n’a pas perdu de précieuses données à cause des Syquest me jette la première cartouche !Le Bernoulli, c’était la Rolls, même en termes de prix. Je me souviens avoir fait blanchir quelques cheveux à des clients en extrayant la galette de mon lecteur, en la balançant par terre et sur le mur, puis en la réintroduisant dans mon Macintosh. Succès assuré. La même démo avec un Syquest tournait court ! Malheureusement, après la version 90 Mo, le support Bernoulli, fiable (trop fiable) et inusable, a disparu des magasins.J’ai pris alors des cartouches à bande grand format, assez instables et au lecteur capricieux, puis des bandes DAT, qui emmagasinaient trop lentement 2 Go sur des cartouches 4 mm DDS de 90 mètres. En remplacement, je suis passé au Jaz, très fiable également et toujours en activité 6 ans après. Mais rapidement, l’évidence a été de graver des CD-ROM d’archive.A cela deux nouveaux atouts : fournir un CD n’est pas coûteux, surtout comparé aux innombrables ZIP, Bernoulli ou Syquest passés aux profits et pertes. Ensuite, en cas de problème, le CD non reinscriptible sert de juge de paix sur un job, pour départager les responsabilités. Depuis, les back-up sont simples, rapides, facilement doublés voire triplés (d’où ma colère quand le prix des CD-R a monté) et archivés dans des lieux séparés. Mieux, retrouver des fichiers est un jeu d’enfant avec un logiciel comme Tri-Catalog.Et le bouquin de Christian H. ? Compte tenu de l’époque, il était forcément sur l’une de ces centaines de bandes DAT. Il m’a d’abord fallu trouver sur le Net une version du pilote à peu près à jour et compatible avec mon système. Puis j’ai grillé un week-end à tester des dizaines et des dizaines de DAT. 90 % des bandes sont maintenant dans mon garage, prêtes pour décorer le prochain sapin de Noël. Et, chance incroyable, j’ai fini par débusquer les fichiers tant convoités.Mais je garde un drôle de sentiment après ce week-end. En près de 17 ans, j’ai accumulé des centaines de gigas de données. Et aujourd’hui ? Ces données sont soit totalement illisibles, à cause des supports vieillissants ; soit inutilisables, les lecteurs et leurs constructeurs ayant rendu l’âme.Il ne me reste qu’à monter le musée des fichiers inutiles… Jai toute la matière première à portée de main !Prochaine chronique le samedi 17 mars.

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Jean-Christophe Courte