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La route vers l’intégration des applications B to B est ouverte

Les intégrateurs et les consultants e-business ont du pain sur la planche. Le décollage du B to B leur apporte le colossal marché de l’intégration des systèmes d’information des entreprises aux places de marché et celui de la mise en réseau de la supply chain.

” En 2000, il y a eu très peu de projets d’e-procurement et de places de marché en France. Mais, les directions générales avaient constitué beaucoup de dossiers d’investissement. Cette année, en revanche, on sent que des places de marché émergent “, témoigne Jérôme Garancher, directeur de mission chez Cap Gemini Ernst & Young. Toutefois, pour que le commerce électronique décolle vraiment, il reste plusieurs barrières à lever, dont celle du coût de la numérisation des catalogues de produits.

Les entreprises préfèrent encore une gestion maison

À titre d’exemple, le prix de la numérisation et de la gestion d’un catalogue, dans un récent projet, s’est monté pour le fournisseur à 37 F ht par produit référencé ! “Dans ce contexte, convaincre les fournisseurs de venir sur les places de marché est difficile”, explique Jérôme Garancher. En outre, “le gros problème des catalogues est leur normalisation. La solution est de sous-traiter leur gestion à un prestataire de services “, propose Pierre Gleboff, senior manager chez Valoris. Et d’ajouter : “Très peu de fournisseurs savent livrer un catalogue dans un format standardisé.” Un propos qu’illustre le projet d’e-procurement en cours chez un grand donneur d’ordre (budget d’achat de 750 millions d’euros). Une centaine de fournisseurs se sont regroupés afin de livrer leur catalogue sous une forme électronique pour des achats en et hors production (composants informatiques, fournitures, services, etc.). Pas moins de trente-cinq mille références seront ainsi disponibles pour un millier d’employés, via le module Self Service Purchasing, d’Oracle. Mais, si XML est annoncé comme le standard de l’e-procurement, les fournisseurs sont loin de l’utiliser, les normes de classification des produits étant trop diverses. Conséquence : le transfert de leurs catalogues s’effectue en mode texte vers une base Oracle agrégeant images et tarifs, le tout complété du moteur de recherche ad hoc.Mais attention ! “Gérer un catalogue en interne est lourd, avertit Pierre Gleboff. La problématique de la gestion de contenu peut être confiée à une place de marché qui doit agréger les catalogues de plusieurs fournisseurs, l’e-procurement n’étant plus hébergé chez le client.” Une démarche qui rencontre toutefois des résistances : “Ainsi la place de marché HubWoo – place de marché horizontale de biens hors production – avait prévu d’intégrer le processus de validation hiérarchique des achats sur son site. Mais, les entreprises préfèrent gérer ces processus en interne”, explique Jérôme Garancher.La raison ? Il s’agit de ne pas divulguer le schéma d’approbation – qui révèle l’organisation de l’entreprise. D’un point de vue technologique, les places de marché drainent leurs propres modes de communication.“Des éditeurs comme Ariba, avec cXML, ou Commerce One, avec XCBL, dominent le marché”, souligne Jean-Christophe Bernadac, directeur technique de Cosmosbay. Ils définissent les formats des messages, les catalogues de produits et les transactions commerciales avec les entreprises. Avantage : ces standards sont rapides à mettre en ?”uvre. “Mais, c’est le niveau zéro des échanges commerciaux. Ils se contentent de définir une facture ou une liste de prix”, précise Jacques Mercey, vice- président de Mega International. “L’e-procurement est très simple. Il n’utilise que sept messages”, complète Pierre Gleboff.“On a besoin de services et de processus plus évolués”, reprend Jacques Mercey. “RosettaNet, par exemple, apporte ces réponses. ebXML est plus ambitieux, puisqu’il permet de définir, de façon dynamique, la manière dont deux entreprises entendent mettre en place des transactions commerciales ! Mais il nécessite encore plusieurs mois de travail”, confie-t-il.“Face à cette abondance de formats (cXML, XCBL, IOTP, EDI, ebXML, etc.), l’IAI (Internet application integration) s’impose. Il assure la traduction des différentes langues du commerce électronique lors de l’interconnexion de l’entreprise aux infrastructures B to B”, explique Pierre Gleboff. L’IAI attire une multitude d’éditeurs, tels Level 8, Microsoft, Tibco, SeeBeyond, Sopra, Vitria, ou webMethods. “Ces produits orchestrent de véritables processus collaboratifs, fondés sur la circulation de messages”, souligne Jacques Mercey. , s’exclame Jean Planchon, directeur du développement chez Valtech.

Choisir entre un ERP ou l’IAI

“Si l’entreprise possède un ERP, celui-ci intègre déjà un workflow. Il est alors plus simple de le réutiliser”, tempère Jérôme Garancher. D’autant que les ERP, Oracle et SAP en tête, intègrent la connexion vers les places de marché. L’intégration des différents îlots d’information reste toutefois une question primordiale. “Dans les PME, il est encore nécessaire de ressaisir dans les logiciels de comptabilité et de gestion des stocks tous les achats effectués “, explique Jean Planchon.À l’heure du basculement dans l’e-business, les places de marché conviennent-elles aux achats de biens intervenant directement dans le processus de production ? “Dans le domaine de l’automobile et le secteur pharmaceutique, les donneurs d’ordre s’en remettent aux réseaux EDI auxquels ils ont raccordé leur ERP”, indique Jean Planchon.“Les achats de production sont automatisés, il y a peu de commandes mais beaucoup de valeur. L’e-procurement, pour sa part, réduit les coûts sur les achats où il y a beaucoup de transactions et peu de valeur “, précise Jérôme Garancher. “Grâce aux places de marché, on peut faire du sourcing : identifier un fournisseur et lui commander trois cents tonnes d’acier en fixant les délais”, observe Pierre Gleboff. Mais, attention à la disponibilité des stocks. “Les places de marché n’intègrent pas encore les contraintes de production”, complète Jacques Mercey. “Il faut assurer l’intégration permanente de la chaîne de liaison entre le backend du fournisseur et la place de marché “, ajoute
Eric Kleinhans, consultant chez Compaq. “L’e-procurement sur des biens de production fonctionne très bien sur Covisint (place de marché verticale de l’industrie automobile). Il accélère les flux et permet de trouver les meilleurs prix”, garantit Jérôme Garancher.Pour sa part, Claude Masia, directeur des achats de Thalès (ex-Thomson-CSF), utilise les places de marché depuis août 1999, y compris pour des achats de biens de production. “Sous réserve de traçabilité des composants électroniques “, précise-t-il. “Nous lançons une vingtaine d’appels d’offres par an, soit 50 % de nos achats de composants, sur plusieurs places de marché en parallèle, comme Marketo, Trade2B et Tradematch.com. Le processus est automatisé trois mois à l’avance. Cela nous fait gagner jusqu’à 15 % sur nos achats en production. Sur ceux hors production, si l’on économise désormais du temps, en revanche, il n’y a plus de gain sur les prix”, ajoute-t-il.

Mieux faire remonter l’information

“Une place de marché débute avec les mêmes fonctions qu’un EDI : commandes, livraisons, factures, etc.”, analyse Jean-François Caenen, consultant chez Atos-Origin. “Mais, très vite, poursuit-il, on peut y introduire de la disponibilité des produits et de l’ingénierie simultanée. Ce qui, par exemple, raccourcirait les délais de conception d’une voiture.” Cette évolution des places de marché vers le travail collaboratif est reconnue de tous. Mais, même en matière de collaboratif, l’EDI n’a pas dit son dernier mot. Ainsi, chez Legrand, fabricant de matériel électrique, ce sont des liens EDI qui collectent quotidiennement les prévisions de vente, le niveau de stock et le carnet de commandes des quinze filiales du groupe. “Nous calculons ainsi un plan de réapprovisionnement sur douze mois”, explique Éric Seurin, directeur logistique. “S’ils sont d’accord, nous mettrons en place un système similaire avec nos cinquante grossistes. Ce processus sera toujours fondé sur des liens EDI. En revanche, Internet aurait été plus adapté si nous avions, par exemple, beaucoup de clients avec peu de commandes “, conclut-il. De son côté, le cabinet Forrester Research privilégie Internet. Il anticipe sur une mise en réseau de la supply chain via les nouveaux standards XML. Son étude, publiée en décembre 2000, montre que les responsables européens de ce secteur partagent déjà de l’information avec leurs partenaires via le fax ou l’e-mail. En 2002, ils devraient utiliser Internet ou des Extranet pour la gestion de leur chaîne logistique.Avantage ? “Daimler Chrysler ne connaît que la première couche de ses fournisseurs. Il y en a sept en tout. Si un problème arrive chez le sous-traitant le plus éloigné, toute la chaîne est paralysée”, commente Wolgang Martin, consultant du Meta Group. Des informations stratégiques comme les délais et les capacités de production demeurent enfouies dans les usines.Le raccordement de la supply chain à Internet peut s’effectuer via une place de marché, privée ou publique. L’option privée est d’ailleurs privilégiée par Forrester Research. “On ne peut collaborer qu’avec des gens que l’on connaît”, souligne Claude Lhoste, d’IBM Global Services, intégrateur de i2 Technologies.

Vers l’émergence de nouveaux logiciels

Technologiquement, un nouveau type de logiciel devient nécessaire : il planifie en fonction de données provenant de nombreux partenaires, et sépare, dans le même temps, les accès aux données selon les utilisateurs, pour assurer la confidentialité. Mais le chantier est ouvert, car, selon Forrester Research, aucun des leaders identifiés (Adexa, Aspentech, Baan, i2 Technologies, JDEdwards, Manugistics, Oracle, PeopleSoft et SAP) ne supporte vraiment des fonctions de planification, d’ordonnancement et d’optimisation exploitables en réseau avec de nombreux participants, via de multiples places de marché.

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Jean-Pierre Blettner