L’article certainement
le plus débattu de la loi pour la confiance dans l’économie numérique, celui sur la responsabilité des prestataires techniques en cas de contenu à ‘ caractère
illicite ‘, vient de faire l’objet d’une nouvelle décision de justice.C’est une association, le Comité de défense de la cause arménienne (CDCA), qui s’en est servi contre Wanadoo et le Consul général de Turquie à Paris. Le tribunal de grande instance (TGI) de Paris a rejeté lundi 15 novembre la
demande du CDCA, soit la suppression de l’accès à un contenu sur le site officiel du Consul général, hébergé par la filiale de France Télécom. L’association pointait du doigt un texte intitulé ‘ Allégations arméniennes et faits
historiques ‘.Selon le CDCA, ‘ ce texte reprend sous forme de dix questions et réponses, la thèse développée, depuis de longues années, par l’Etat turc à l’égard du génocide des Arméniens ‘. A savoir
qu’il n’y a pas eu génocide en 1915. Or, par la
loi du 29 janvier 2001, la France reconnaît officiellement son existence. Pour le CDCA, le site du Consul général relayait donc une ‘ propagande
négationniste ‘.L’association a alors envoyé une notification à Wanadoo lui demandant d’empêcher l’accès à ce texte en vertu de l’article 6 de la LEN. Le FAI a d’abord préféré s’en remettre pour avis et recommandation à l’Office central de lutte
contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication, organisme dépendant de la police judiciaire. Après quoi, en juin, il a transmis la notification du contenu incriminé au TGI.
Wanadoo joue la prudence
Début juillet, le CDCA déposait une assignation auprès du tribunal contre le Consul général pour diffusion de propos négationnistes. Il demandait la condamnation du diplomate et la suppression de l’accès à son site par Wanadoo.Il s’agit là de l’application point par point des dispositions de la loi. Malgré, ou plutôt à cause de, la gravité de l’accusation du CDCA (le négationnisme), Wanadoo a joué la prudence. De plus, le site étant un site officiel, destiné
à la communauté turque en France, il propose une série de services pratiques. Satisfaire la demande du CDCA en aurait empêché l’accès.Plus délicat : le texte dénoncé par l’association relève d’une position officielle d’un Etat. En interdire l’accès serait revenu à contester la version officielle que cet Etat donne de sa propre histoire. Drôle de position à tenir
pour un fournisseur d’accès à Internet… Mais pour le CDCA ‘ l’absence de contrôle et de réaction de l’hébergeur [du] site Internet [du Consul général] constitue une faute
majeure que la justice doit sanctionner ‘.Cela n’a pas été lavis du tribunal. Car si la France a reconnu le génocide arménien, contester, nier ce même génocide ne constitue pas un délit. ‘ Si l’on n’aborde le sujet que d’un strict
point de vue juridique, c’est le ” génocide ” arménien qui a été reconnu par la France dans sa loi du 29 janvier 2001, précise Sandrine Rouja, juriste et rédactrice en chef du site Juriscom.net.
À l’heure actuelle, le terme ” négationnisme ” ne vise quant à lui exclusivement que la remise en cause du génocide des juifs pendant la seconde guerre mondiale ‘.Quant au Consul, il est protégé par son immunité diplomatique. Le TGI a donc adressé une fin de non-recevoir au CDCA sur les deux volets de son assignation.
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