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La rentabilité de l’UMTS plus que jamais en question

Le cabinet Forrester Research publie une enquête alarmiste sur l’UMTS. Conscients des risques, certains gouvernements tentent d’alléger la facture des opérateurs.

L’UMTS sera-t-il, en Europe, le premier fiasco économique du troisième millénaire ? Forrester Research n’en doute pas. Après avoir interrogé les principaux opérateurs européens, le cabinet d’études américain vient de publier une étude sur la téléphonie mobile de troisième génération qui fait froid dans le dos. Selon elle, l’internet mobile ne permettrait pas de rentabiliser les euros dépensés pour l’UMTS ?” déjà 104 milliards pour les seules licences. Alors que les opérateurs pensent que le transfert de données et l’internet vont doper le revenu moyen par abonné de 25 %, Forrester estime au contraire que le revenu annuel moyen chutera de 15 % et qu’il passera, d’ici à 2005, de 490 à 419 euros. Or, pour rentabiliser l’UMTS, il faudrait qu’il double.

Quatre opérateurs seulement survivront en Europe

Les revenus traditionnels des opérateurs, notamment la voix, chuteraient du fait de la compétition sur les prix. Pour Forrester, les revenus de l’internet mobile (localisation, information, publicité, etc.) vont seulement compenser à hauteur de 60 % l’érosion des revenus classiques. Le revenu par abonné ne cesserait de dégringoler qu’en 2015. La marge d’exploitation va baisser à partir de 2003, devenir négative en 2007, et ne redevenir positive qu’en 2013 ! Forrester prédit, de ce fait, une véritable curée chez les opérateurs mobiles en Europe. ” Aucun nouvel entrant de l’UMTS ne survivra au-delà de 2007 “, prédit lugubrement le cabinet américain. Entre faillites et consolidation du secteur, il ne voit que quatre gagnants assurés : Vodafone, Deutsche Telekom, France Télécom et BT. En cas de cinquième, il se trouverait parmi le groupe KPN, Telefonica, Telecom Italia, ou NTT Docomo.S’il faut distance garder avec les prévisions alarmistes de Forrester, la rentabilité des opérateurs UMTS obsède toutefois les industriels et les hommes politiques. Inquiets, les gouvernements européens, qui pensaient avoir mis la main sur une mine d’or, ont décidé de revoir un peu leurs exigences. Ainsi, l’Espagne envisage désormais de renoncer à la taxe annuelle demandée aux opérateurs UMTS. Cette taxe avait été instaurée après que l’opposition eut crié au bradage des licences. En France, si le prix de la licence demeure bien de 32,5 milliards de francs, Bercy a fait un cadeau aux futurs opérateurs UMTS en allégeant leur régime fiscal. Ces derniers pourront amortir sans limite dans le temps le coût de la licence, contre cinq années jusque-là.Mais, aidés ou non par les gouvernants, les opérateurs devront trouver de quoi rentabiliser l’UMTS. Forrester avance quelques pistes. Outre développer des contenus et des applications, les opérateurs mobiles de troisième génération devront, sans coup férir, ouvrir leurs réseaux aux revendeurs et aux opérateurs virtuels ?” à l’image de Virgin Mobile en Grande-Bretagne. Il leur faudra cibler davantage les entreprises en multipliant les partenariats avec des éditeurs ou des fournisseurs d’applications hébergées, et ne pas négliger le marché des communications entre matériels industriels. Un travail délicat s’annonce. D’autant que les besoins des utilisateurs demeurent insaisissables, et qu’ils varient fortement d’une étude à l’autre.

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Guillaume Deleurence