Le jeu de saute-mouton est devenu un sport non pas national mais mondial. Et le mouton, c’est le décideur informatique. Il doit faire le dos rond pour laisser passer le fournisseur, du moins quand il est prévenu.“SAP a eu une idée géniale, c’est de passer par dessus nos têtes “, témoignait récemment le DSI d’un grand groupe expliquant comment l’éditeur s’est installé dans son entreprise.Désireux d’entrer dans les compagnies par la grande porte, les éditeurs n’hésitent pas à contourner ceux-là mêmes qui pourraient remettre en question leur expertise. La crainte latente du fournisseur ou prestataire tenté par une telle man?”uvre, c’est que le mouton se rebiffe. Mais plus le fournisseur est gros, plus il a de chances de l’emporter.Les exemples sont nombreux qui témoignent de cette démarche, tel ce DSI d’un groupe agro-alimentaire à qui une société de conseil a remis un rapport de faisabilité complètement différent de celui qu’a reçu la direction générale. Résultat : beaucoup de temps perdu sur un projet pilote d’intégration de PGI et, au final, la démonstration que la solution interne était beaucoup moins chère…Le DSI d’un grand groupe industriel, raconte : ” Mon directeur commercial m’a dit que le directeur général d’un grand éditeur le harcelait littéralement de coups de fils pour lui vendre son produit. “
Bonne nouvelle : les directions informatique et commerciale, dans cette entreprise, communiquent.Et les histoires qui finissent bien, si elles sont plus volontiers contées, restent minoritaires. La règle du saute-mouton a coûté et continue à coûter très cher.Techniquement, les plus aptes à répondre à la demande dune direction opérationelle ou à préconiser une solution sont les directions informatiques. Dans la réalité, elles devraient enfler jusqu’à acquérir des compétences métiers, une connaissance intime de leur entreprise et conserver une compréhension exhaustive de la technique. Est-il possible aujourd’hui d’être un cumulard ?Actuellement, les grandes directions des systèmes imaginent deux solutions. Soit la direction générale apprend l’informatique et devient en quelque sorte le garant de l’architecture technique. Soit la direction arrive à creuser son trou vers le comité exécutif.Dans un cas comme dans l’autre, la partie est loin d’être gagnée. Et au jeu de saute-mouton, le fournisseur reste le meilleur.Prochaine chronique lundi 14 janvier
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