« Le planétarium du 21e siècle », c’est ainsi que le médaillé Fields Cédric Villani aime présenter son ambitieux projet HOLO-MATH. Son idée ? Organiser des ateliers collectifs sur des concepts mathématiques avec un conférencier utilisant la réalité augmentée pour enrichir son discours. Une petite démonstration a eu lieu en avant-première cette semaine au Palais de la découverte. Le thème du jour ? Le mouvement brownien.
Manipuler des particules dans l’espace
Nous avons pris place en cercle avec sept autres personnes, dans une salle plongée dans l’obscurité. Chacun a enfilé un casque de réalité mixte Hololens de Microsoft, raccordé à une batterie dans un petit sac en bandoulière, et un joystick à placer au creux de sa main sur lequel on pouvait cliquer. Des images multicolores ont aussitôt surgi devant nos yeux, manipulées par un médiateur dont la mission était de nous faire comprendre que le mouvement d’une particule immergée dans un fluide est aléatoire. Effet esthétique et ludique garanti.
La particularité de l’expérience, c’est qu’on n’utilise aucune des commandes gestuelles habituelles d’Hololens. On interagit uniquement par le biais du stick. Nous avons ainsi pu manipuler notre propre particule dans l’espace, en la grossissant ou la rétrécissant à loisir. Pour assurer la coordination de tous les casques connectés en Wi-Fi, les calculs sont réalisés directement dans le cloud Azure de Microsoft. Seul regret, la séance a été écourtée au bout de quelques minutes, nous laissant un petit goût d’inachevé. Nous en avons vu cependant suffisamment pour être convaincus du potentiel du concept sur un public réfractaire aux mathématiques.
Un lancement en 2020 pour l’inauguration de la Maison des mathématiques
« Il ne s’agit ici que d’un travail en cours », prévient Cédric Villani. « L’objectif final, c’est une salle au cœur de la Maison des mathématiques qui sera inaugurée en 2020 », ajoute-t-il. HOLO-MATH ambitionne de s’adresser à une large audience avec des séances qui pourraient durer jusqu’à 30 minutes et rassembler 100 personnes à la fois.
Mais la technologie Hololens est contraignante. « On ne peut pas afficher tout ce que l’on veut en même temps et la taille des fichiers son et la durée des animations sont limités », a souligné Eddy Richard, studio supervisor de la société One More qui produit le contenu pour HOLO-MATH.
C’est donc toute une scénographie qui reste à inventer. Mais Cédric Villani tient absolument à utiliser de la réalité augmentée plutôt que de la réalité virtuelle. « Elle permet de révéler quelque chose qui était présent et qu’on ne pouvait pas voir, tout en étant immergé dans un discours commun », conclut-il. Le rôle du médiateur scientifique en sort ainsi encore davantage renforcé.
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